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"CONTES ET LÉGENDES DU PAYS D'AZUR", LES MÉSAVENTURES DE SAINT ERIGE

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« L’homme n’est rien d’autre que la série de ses actes.» Hegel

  

Aux Ve et VIe siècles de notre ère, la religion chrétienne s'est installée, bien que dominante elle voit ses grandes figures vivre encore des destins cruels et exemplaires, tel celui de saint Erige ou Ariey quatrième évêque de Gap mort en 604.

A cette époque l’ours pouvait encore vivre en paix, mais toujours sur ses gardes, car les hommes lui reprochaient de varier ses menus végétariens par quelques gigots de moutons... Or, voici qu'en 579, un nouvel évêque fut nommé à Gap, Né à Chalon-sur-Saône, il s'appelait Arigius, fils d'Apocrasius et Sempronia, de noble famille gallo-romaine, et fut baptisé par saint Didier, évêque de la ville, puis de Vienne. Ordonné prêtre par Mgr Syagrius, à Grenoble, il reçut d'abord une paroisse du Trièves, puis vint à Gap. Il trouvait son diocèse en triste état, fort négligé par son prédécesseur, Sagittaire, figure pittoresque, mais peu évangélique.

Aredius, que nous appelons Erige en Provence (Arey à Gap), eut tôt fait de réformer son diocèse, il y fonda même une école, devenue vite célèbre. En 595, il se rendit à Rome, où il se lia avec le Pape saint Grégoire le Grand, qui lui écrivait affectueusement: «De nous deux, l'amitié ne fait qu'un».

Après sa journée laborieuse, notre évêque aimait monter à la chapelle Saint-Mamert, sur la colline Saint-Mens (déformation de Mamert).

Le mercredi saint de l'an 605, en une tiède soirée où le printemps éclatait partout, il passa près de «la fontaine des ânes», où clabaudait un groupe d'horribles êtres tout noirs... des démons à n'en pas douter. Ils se vantaient à qui mieux mieux de pièges tendus aux hommes: «Moi, j'ai fait vendre à faux poids !..» - «Moi, j'ai brouillé trois ménages, aujourd'hui...» - «Vous me faites bien rire», intervint le plus grand et le plus fort d'entre eux, «tel que vous me voyez, j'ai mis notre nouveau Pape en état de péché mortel... Il va donc célébrer demain une messe sacrilège... Qui dit mieux ? »

- « Et tu crois que ça va se passer comme ça ? », cria une voix indignée. C'était Erige qui pénétra dans le cercle démoniaque. «Vous n'y pouvez rien changer», ricana l'autre. - « On va voir ça: je t'ordonne de me porter à Rome !.. « Tous les diablotins de s'esclaffer, mais leur chef releva le défi : «Eh bien, allons-y, montez sur mon dos ! ».

Il n'y avait plus à reculer... Erige se cramponna comme il put aux épaules du démon, qui s'envola aussitôt. Un tableau du XVllle siècle, nous dit J. Vollaire, montrait cette scène fort pittoresque: l'évêque, très digne sur sa monture infernale vêtue (pour les convenances !) d'une chemise noire et de culottes rouges.

Chevauchant un diable pieds et mains griffus et fourchus, tête crépue et cornue, comme il convient à un prince des ténèbres. L’évêque, survole déjà la tour romaine de Briançon, puis passe le Mont-Genèvre en rase-mottes par la nuit close.

Erige entrevoit quelques lumières tremblantes dans l'obscurité, les villes italiennes, sans doute. Mais quel voyage !.. Il y a des trous d'air, le cœur lui manque, son nez gèle à cette altitude, il craint de lâcher prise... cette fois ça y est... non, le démon pique vers un halo doré, qui perce la nuit. «Rome, tout le monde descend... », dit-il narquoisement, et il pose rudement son passager par terre. Reprenant ses esprits, notre évêque prononce alors les exorcismes de rigueur, et le coursier infernal disparaît en ricanant.

Dès l'aube, il pénètre auprès du Pape Sabinien, Pontife très contesté dont le règne fut court. «Mais, je vous croyais à Gap», dit ce dernier, tout étonné. «J'en arrive pour vous, tout exprès... » et Erige de confesser le Pape, de l'absoudre (car le démon s'était un peu vanté), et de se rendre avec lui à la célébration du Jeudi saint. Après quelque séjour dans la Ville Éternelle, il faut bien rentrer. Mais pas question de recourir à un transport aérien, dont l'occasion manquerait d'ailleurs. Notre évêque frète un chariot tiré par deux honnêtes bœufs, sur lequel il entasse tout un bagage: reliques avec certificat d'origine, manuscrits à faire copier dans son école, ornements liturgiques pour ses églises les plus démunies, etc. Lui-même prend l'aiguillon, et l'attelage s'ébranle avec une sage lenteur.

«Chi va piano, va sano... » dit le proverbe: à force de remonter tout plan-plan la péninsule italienne, l'équipage finit par arriver au col du Mont-Genèvre, et Erige calculait déjà en combien d'étapes il serait rendu à Gap, lorsqu'il se fit un grand bruit de broussailles cassées dans la forêt de mélèzes, sur le versant de la montagne. Les bœufs frémirent et s'arrêtèrent net. Un ours énorme, «bien fourré, gros et gras», sortit alors du bois et se dirigea vers le chariot. L'un des bœufs, animal encore jeune, fut tellement terrorisé qu'il échappa au joug et s'enfuit dans la nature. Que faire, maintenant ? Messire Brun semblait s'intéresser au véhicule qu'il vint flairer de près. L'évêque lui dit alors: «Ecoute, tu vas me rendre un service. Par ta faute, je ne puis plus rentrer chez moi. Sois gentil, aide-nous un peu à tirer dans la descente, jusqu'à Briançon». Et, nous dit la chronique, voilà que l'ours vient s'atteler de bonne grâce, avec l'autre bœuf qui consentit à le supporter.

Après Briançon, il offrit de continuer, par des grognements expressifs. Erige prit en amitié son brave compagnon et le nourrit de son mieux. Vous dire le succès qu'eut l'attelage, tout au long de la Durance, serait impossible !.. Et le retour à Gap, donc !.. les gens n'en revenaient pas. On logea Messire Brun dans une dépendance de la maison épiscopale, et il visita la ville, sans omettre de rafler carottes ou gâteaux de miel aux étalages des verdurières. Mais on choyait «l'ours de Monseigneur», et personne ne protesta. Puis, il eut la nostalgie des hautes vallées, des forêts profondes, et il disparut... On le regretta... On l'oublia...

L'an 614, canonisé par la «vox populi», l'évêque Erige mourut. Le deuil fut grand, et l'on prépara de solennelles funérailles. On ressortit le chariot, où le cercueil ouvert fut déposé. Saint Erige y reposait, mitre en tête et crosse en main. Il allait partir pour son dernier voyage, tiré par deux bœufs, lorsque de grands cris s'élevèrent dans la foule: « C’est lui, le revoilà... laissez le passer... ». Et Messire Brun vint se placer à côté de l'attelage. Vite, on lui fit remplacer l'un des bœufs, et il conduisit son ami au cimetière... après quoi, il disparut à nouveau...

L'office de saint Erige avait été fixé au 1er mai. Eh bien! Bonnes gens, croyez le ou non, chaque 1er mai, l'ours entrait dans la cathédrale pour rendre hommage au saint; on finit par réserver une stalle à ce nouveau chanoine. Il repartait ensuite pour la forêt de Boscodon, où il avait élu domicile. On l’avait su, en le suivant à distance respectueuse, car il ne supportait plus aucune familiarité, pour bien marquer son amitié avec le seul saint Erige. Certains l'avaient rencontré dans la forêt, buvant à une fontaine limpide. Et puis, un 1er mai, Messire Brun ne vint pas... on attendit anxieusement l'année suivante... toujours personne... plus jamais, l'ours de saint Erige ne reviendrait.

En Provence, on vous dira que saint Érige, avait fait voile d'Ostie à Nice. Revenant de Rome après avoir été reçu par le Pape, il quitte la côte pour s'enfoncer dans la montagne. Passant par le village aujourd'hui ruiné de Roccasparviéra, près des sources du Paillon, il s'abrite pour la nuit dans la grotte de Serpatière, ouverte sur l'effroyable précipice des gorges de la Vésubie, appelé depuis la Révolution «le Saut des Français», il y étouffe alors de ses mains un serpent énorme: «la Coulobre».

Il cheminait par la vallée de la Tinée, quand il fut assailli par des brigands. Une main puissante l'enleva dans les airs (il y était voué, décidément), et le déposa cinq cents mètres plus haut, sur l'alpage d'Auron, où les gens de la Tinée qui fauchaient les prés, ouvrirent des yeux écarquillés. Une autre version, précise qu’il leur échappa en bondissant à cheval au-dessus des clues profondes de Chalancas. Faisant halte à Auron, il aurait laissé sur un roc l'empreinte des sabots de sa monture. Remis de ses émotions, Erige poursuivit son scabreux voyage vers le Nord. Alors qu’il remontait vers le col de la Cayolle en chariot à bœufs, traversant une épaisse forêt du val d’Entraunes sur  un char tiré par deux bœufs, un grand bruit de broussailles cassées se produisit, un ours attaqua l'attelage égorgeant une des bêtes de trait. Sur l'ordre de l'évêque le fauve s'apaisa puis se plaça docilement à côté du bœuf survivant pour traîner le char jusqu'à destination, avant de rejoindre la forêt. Lorsque l'évêque meurt dans sa bonne ville de Gap, l'ours affligé vient suivre le convoi. Puis, aussi longtemps qu'il vécut, quitta chaque année ses fourrés pour assister sagement aux cérémonies de la fête du saint. La population, heureuse de le voir, le gavait alors de friandises.

Les principaux épisodes de la vie du Saint Erige sont représentés dans les fresques du XVème siècle qui décorent la chapelle d ' Auron.

En effet, le culte de saint Erige a dépassé largement les limites de sa cité épiscopale de Gap et les habitants de la Tinée ne furent pas en reste. On éleva, à Auron, une grande chapelle Saint-Érige, au toit de mélèze, et à double abside. Dans l'une d'elles, sous un Christ en Majesté, la vie de notre saint fut peinte en 1451. On ne le voit pas, et c'est bien dommage, chevaucher son coursier infernal, mais Messire Brun tire pieusement le cercueil de son ami. Chaque année, au 1er mai, un pèlerinage montait de Saint Étienne de Tinée à Auron, où la chapelle jouissait de nombreuses indulgences pontificales, accordées sur la demande des «consuls». On peut en déduire que l'influence gapençaise s'étendait jusqu'au petit Auron, devenu maintenant une élégante station de ski. D'ailleurs, nous voyons aussi sur le mur de la chapelle, notre saint et le donateur, ou le peintre, agenouillé: «Dominicus Rapuc». La copie de ces fresques se trouve au musée Masséna de Nice.

D’après «Les Contes et Légendes du Pays d’Azur» (Editions Sutton),

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 23 euros, en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

 


EDMOND ROSSI, KEEPER OF MYTHS AND THE LEGENDS OF THE PAYS D’AZUR

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Part of the oral heritage of the French Riviera, these stories were once told by night. They were enriched with historical facts and marvelous details that captivated the storyteller’s audience. They would probably have been forgotten were it not for the incredible tenacity of a passionate local collector of tales, who assembled them in an anthology of about fifteen works.

Edmond Rossi is a native of the Nice region, where he lives and works. Having earned a degree in history and regional ethnology, he travels around the surrounding area, from the coasts to the backcountry.

On his journey, he discovers cultural riches that are sometimes little known even to people from the area. From the prehistoric vestiges of the Valley of Marvels to the mythical Templars, he reveals the Côte d’Azur of medieval chateaux and the fairy tales of local dialects, piecing together the colorful mosaic of the Riviera’s heritage like an archaeologist.

Edmond Rossi welcomes us warmly to his office, and before long, the anecdotes start pouring out of him. He immediately suggests two ideas for beautiful walks that are connected to local legends. The first, near the village of Duranus in the Vésubie region, and accessible by car, is a place known as “Le Saut des Français” (Frenchman’s Jump), where members of the French Resistance fighting against the occupation of the county of Nice were thrown off the top of the 300 meter cliff. It’s a 45-minute walk to get to the second site, the cursed village of Rocca Sparviera, which was abandoned in the 16th Century after a series of dramatic and mysterious occurrences…

TO READ

Contes et Légendes du Pays d’Azur (Editions Sutton) et Histoires et Légendes des Balcons d’Azur (Editions Campanile) by Edmond Rossi

To find out more about Edmond Rossi :

and www.edmondrossiecrivain.hautetfort.com

LES RUINES DU VILLAGE MAUDIT DE ROCCASPARVIERA.jpg

Ruins of the village of Roccasparviera

GAULGAUDA EN SAVOIR PLUS !

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GAULGAUDA, la formidable machine à remonter le temps nous transporte deux mille ans en arrière, en pleine Antiquité, au temps des Gaulois et des Romains. L’occasion pour les amateurs d’Histoire de retrouver le passé et peut-être d’aller au-delà de cette sympathique manifestation, pour mieux connaître les riches heures de la mémoire gaudoise, à travers le livre de l’historien Edmond ROSSI « Histoires et Légendes des Balcons d’Azur ».

Installé à La Gaude depuis 1980, l’auteur a fouillé les archives et recueilli de la bouche même des anciens de passionnantes anecdotes complétant agréablement les fêtes de « Gaulgauda ».

La Gaude connut la présence romaine précédant l’occupation des Sarrasins avant d’accueillir les mythiques Templiers dans son fabuleux château. Célèbre pour son vin, La Gaude sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ».

Une documentation illustrée indispensable, puisée aux meilleures sources, pour qui veut découvrir l’Histoire de ce beau village provençal.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE"http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé sur demande par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr 

 

LA GAUDE AU COEUR DES BALCONS D'AZUR.jpg

 

LA LÉGENDAIRE CHAPELLE SAN PEYRE DE SAINT JEANNET

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La chapelle Saint Pierre de Saint Jeannet hante toujours la mémoire des habitants du lieu, au point d’être l’objet d’une initiative de quelques bénévoles visant à la faire renaître de ses ruines. Le CAUE (Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’environnement des Alpes Maritimes) qui a recensé en 2010 l’ensemble des chapelles du département, signale ainsi ce petit joyau de l’art roman provençal:

  • Situation : A Saint Jeannet, quartier San Peyre, chemin San Peyre,
  • Historique : Cette chapelle, édifiée au XII ème siècle, desservait le hameau au pied de la butte du château dit des Templiers. Elle est abandonnée au début du XVI éme siècle. Elle est aujourd’hui en ruine.

Ce résumé laconique mérite d’être complété par les analyses et notes des historiens et chroniqueurs locaux qui, au fil du temps, se sont penchés sur son riche passé parfois de manière contradictoire. Mais « on  ne prête qu’aux riches » !

Voici ces textes par ordre d’importance.

« L'évolution d'un Village Frontière de Provence, Saint Jeannet (Alpes-Maritimes) » monographie de 1909 par J.-E. Malaussene, (Chapitre IX - Affaires acclésiastiques - II. Edifices religieux, pages 318 et 319) IX. - Chapelle Saint-Pierre.

« L'origine de cette chapelle peut facilement être reportée al XI ème siècle. Comme nous l'avons déjà dit plus haut, elle fut, d'après la tradition, la paroisse commune aux habitants de Saint Jeannet et de La Gaude. A dater de la construction de la première église spéciale à notre habitation, jusqu'en 1606, époque de l'érection de La Gaude en paroisse indépendante, elle demeurera à l'usage exclusif de cette dernière localité. Le service en était assuré par l'un des prêtres de Saint Jeannet.

Du Vair la visite en 1603, il rapporte qu'elle est bâtie proche du château distant de Saint Jeannet d'un quart de lieue et qu'elle possède un petit retable du titulaire. En 1719, Bourchenu relate qu'elle est abandonnée et, comme le chemin en est « long et raboteux », il ne va pas la visiter.

Cet édifice, au chœur cintré en pierres de taille régulières fut vendu au cours de la Révolution à titre de bien national. La majeure partie en est encore debout. Elle sert de bâtiment agricole. Le défoncement des terres limitrophes a mis à découvert plusieurs tombeaux en briques et pierres tumulaires, ainsi que de nombreux squelettes. Nous avons été surpris du bon état de conservation de certains d' entre eux déterrés sous nos yeux par l'un des propriétaires, M. Achard. Ces trouvailles démontrent d'une façon irrécusable que le cimetière était contigu à l'église comme presque partout ailleurs en ce temps-là. »
Emile Boniffacy, dans une monographie similaire relative à La Gaude datée de 1912, « Evolution sociale d'une commune provençale pendant sept siècles, La Gaude
(Alpes Maritimes), chapitre III - les origines de La Gaude, pages 48 et 49, Eglise de San-Peïre, indique : « Cette ancienne église, la première paroisse de la vieille Gaude, dont la forme élégante, les jolies pierres galbées du chœur, attirent encore l'attention, en dépit des transformations modernistes, est située à l'intersection des anciens chemins de Gattières, du Var et de Saint Jeannet. Voici la description qu'en donne M. Marius Gazielly, ingénieur civil :

« Son orientation est au levant absolu. Les murs ont 50 centimètres d'épaisseur, sauf dans le chœur où ils atteignent 0m 65. Sa largeur intérieure est de 5m. 20 et son axe longitudinal, calculé à l'intérieur des murs est de 6m. 70; le chœur y est compris pour 1m. 95. Elle est environnée d'un terre-plein, clos de murailles, qui prolonge de 8m. 60 le mur Nord de l'église; il est coupé à l'ouest en angle droit par un mur d'une longueur de 10m. 50, non tout à fait en ligne droite. La clôture, sur la façade sud du terre-plein comporte une ouverture de 1m. 75 à la distance de 3m. 45 de l'angle ouest, et à celle de 4m. 20 de l'angle Est. A ce dernier angle se dresse une niche dans laquelle se trouvait, il y a quelques années encore, une statue de Saint-Pierre. Enfin, à l'est, une muraille de 5 m. 95 va rejoindre à peu près le milieu du chœur.»

Un cimetière occupe les abords de la partie Est. La première chose qui frappe, dans l'église, est l'absence de porte dans l'axe longitudinal. Elle n'a cependant pas été raccourcie dans ce sens, l'angle nord-ouest étant encore absolument intact. Nulle trace, d'autre part, de murage de porte. Par contre, le mur sud de l'église devait se prolonger un peu plus à l'ouest ; il était encore percé de deux ouvertures, ayant été englobées dans des constructions, qui adhérèrent parfaitement à l'édifice, et dont l'une pouvait être un porche voûté ou un clocher, et l'autre une sacristie ou une petite habitation.

Ces ouvertures latérales sont symptomatiques. Elles existent très souvent dans les églises des Templiers, notamment en Espagne et chez nous, avec ou sans une autre porte ailleurs.

Comme les églises de cet ordre, celle de San-Peïre est construite en pierres taillées, posées de l'une à l'autre - et non l'une sur l'autre, avec une régularité parfaite, pour le chœur en particulier. La caractéristique de la façon est une solidité extraordinaire. Les ouvertures, toujours rares, consistent ici en une seule petite fenêtre en forme de meurtrière. Enfin le vocable de Saint-Pierre précise encore l'empreinte des Templiers, cette appellation et d'autres encore qui auraient pu paraître indifférentes ailleurs revêtent, ici, un singulier caractère de concordance. »
Georges Carrot, dans « Saint Jeannet, Village de Provence » reprend ces conclusions en rappelant  que les Templiers possédaient ici des biens et qu’ils y percevaient des redevances. Il indique que la chapelle desservait dès le XIIe siècle les habitants du hameau des Gaudes installés dans ce lieu après le départ des bandes sarrasines, avec un cimetière contigu. Une épidémie de peste de la fin du XVème siècle serait la cause de l’abandon du site.
L’ensemble des auteurs contemporains admet que la chapelle San Peïre aurait été la première église paroissiale sur le sol de Saint Jeannet.
Elle desservait à l'époque de sa construction, au XI ème siècle, les habitants du hameau des Gaudes (Alagauda). Puis, outre les villageois qui sont restés proches d'elle, ceux qui, par scission, ont fondé, au XIIIe siècle, le Castrum de Sancti Johannis voisin. Il en sera ainsi jusqu'à la fin du XVème siècle, au moment de l’abandon du site des Gaudes suite à l’épidémie de peste. Les nombreux ossements exhumés dans cette zone, témoigneraient de la suite de ces événements. Vendue à la Révolution comme bien national, la chapelle sera ensuite transformée en grange.

Aujourd'hui, propriété de la commune, ce petit chef-d'œuvre de proportions et d'harmonie, au chœur cintré en pierres de taille régulières, attend d'être restauré.
Sur le point de savoir si la chapelle San Peïre pourrait être le fait des Templiers, l'incertitude demeure. La façon dont elle est construite et le patronage de Saint-Pierre sont des indices en faveur de cette thèse. Cependant, tout comme pour le château de la Gaude, la date de son érection, au XI ème siècle, demeure précoce par rapport à l'installation de l’ordre du Temple dans ce secteur deux siècles plus tard.

La chapelle Saint Pierre ou San Peyre, continue de nous interpeller et de nous faire rêver par delà les siècles.

Des saint jeannois se sont émus de son devenir et ont décidé, avec l'accord de la Municipalité de Saint Jeannet, d'engager sa restauration avec le concours de toutes les bonnes volontés.

« L'Association Saint jeannoise des Amis de la Chapelle San Peïre »

est ainsi née. Cette poignée de bénévoles a entrepris avec ferveur de faire revivre ce joyau de l’art roman par des manifestations culturelles si ce n'est religieuses et de concourir ainsi à la sauvegarde de leur patrimoine.

EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR":LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE"http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant:edmondrossi@wanadoo.fr 

LE LOUP MENACE L’HOMME DANS LE MERCANTOUR...

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Bruno Gabelier, président de la FDSEA 06 (syndicat agricole des Alpes Maritimes) résume la situation tragique des éleveurs dans cette région face aux loups : « 25000 bêtes tuées en 800 attaques en 2012, c’est le double par rapport à 2011. Le stress violent de ces attaques pousse certains éleveurs à la dépression…

Il est temps d’intervenir plus radicalement pour éliminer une partie des meutes qui, petit à petit colonisent de nouvelles régions. »

La naturaliste Lynda Brook vient de sortir un dossier retentissant sur le loup dans lequel elle explique pourquoi le loup constitue un réel danger pour l'homme. Elle démontre à travers l'expérience des Etats-Unis, comment la France est en train de se fourvoyer, risquant ainsi des accidents et peut-être même des vies humaines

Lynda Brook, naturaliste d'origine anglaise, vient de publier un dossier explosif dans lequel elle démontre, chiffres et sources scientifiques à l'appui, que le loup peut attaquer l'homme et que les pouvoirs publics en France sous-estiment le danger pour les populations. Elle rapporte les conclusions de scientifiques américains sur le comportement des loups outre-Atlantique. Et l'expérience américaine vécue avec quelques années d'avance sur notre pays, montre à quel point la France fait fausse route dans ce domaine. Au risque, affirme Linda Brook, de mettre en danger non seulement les éleveurs, mais également les populations péri-urbaines.
On apprend que des loups blessés peuvent se ruer sur les chasseurs, que le loup ou une meute peut apprendre à exploiter les humains comme des proies. Un homme seul et robuste pourra se défendre de l'attaque d'un loup mais il ne survivra pas à l'attaque d'une meute...

La fin du mythe du loup qui n’attaque pas l’homme est enfin reconnu, à chacun de suivre les conseils d’une spécialiste pour apprendre à s’en protéger…

Le livre d’Edmond ROSSI « Histoires de Loups en Pays d’Azur » constitue le meilleur témoignage d’une cruelle réalité évoquée par les récits des anciens et les chroniques du passé dans le sud des Alpes.

Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

«Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : contacter  edmondrossi@wanadoo.fr

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

FRANÇOIS ROSSI (1873-1936) LE TAILLEUR DE PIERRE DES FONTAINES

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Le département des Alpes-Maritimes est particulièrement riche en patrimoine non classé que l'on peut découvrir aussi bien dans les villes et les villages que dans les endroits reculés.
Le site http://pays-d-azur.hautetfort.com s'est fixé comme mission de sensibiliser le public à la qualité de ce "petit patrimoine", pour assurer son entretien et sa sauvegarde.
C'est dans ce cadre que vous est présenté le travail sur "Les fontaines et lavoirs du canton de Guillaumes » exécuté par un obscur tailleur de pierre et sculpteur d’origine italienne.

François ROSSI,  natif de Villafranca in Lunigiana, une commune italienne de la province de Massa-Carrara dans la région de Toscane en Italie, s’établit à Villeneuve d’Entraunes en 1891.

Originaire d’une province où la taille de la pierre et plus particulièrement du marbre est une tradition antique, il est embauché par un entrepreneur local Martin ARNAUD également maire de Villeneuve d’Entraunes, pour construire au départ, des barrages dans le vallon du Bourdous.

Après une période de défrichements et d'oubli relatif de l'utilité de la forêt, suite aux crues catastrophiques de la décennie 1850-1860, la France se lance, à partir de 1860 dans une politique volontariste de lutte contre l'érosion. D'énormes moyens seront engagés dans ces actions de Restauration des Terrains en Montagne (RTM) : les travaux qui ont d'abord consisté en reboisements artificiels se sont diversifiés en génie civil (correction torrentielle et ouvrages paravalanches).

La loi de restauration des terrains de montagne de 1882 permet la mise en place des ouvrages et des boisements de protection. Elle sera complétée par une loi de 1913 sur la "régularisation du régime des eaux", qui en est le couronnement.

L'âge d'or de ces réalisations se situe de 1882 à 1914. C'est pendant cette période que vont être réalisés la plus grande partie des travaux de restauration des terrains de montagne. Jugés à l'aune des technologies actuelles, on peut les qualifier de travaux pharaoniques, entendant par-là la mobilisation de moyens financiers et surtout humains considérables et en l‘absence de routes carrossages. On a, pendant cette époque, traité 1100 torrents, une centaine de couloirs d'avalanches et plus de 100 glissements de terrain. Dans le vallon du Bourdous de Villeneuve d’Entraunes 14 grands barrages en maçonnerie seront édifiés, bientôt dégradés par la crue violente du 16 août 1914 où le torrent charriait des blocs de 50 à 100 m3.

L'emploi massif de main d’œuvre locale et extérieure s’avère indispensable pour faire face aux besoins considérables de chantiers très peu mécanisés. La venue de travailleurs étrangers qualifiés s’explique aussi, suite à un début d'exode des populations de montagne, lequel va se poursuivre de façon brutale après le drame de la première guerre mondiale.

Accentué par la transition démographique amenant une surpopulation des campagnes et la transformation de ses structures agraires, l’Italie va connaître plusieurs grandes vagues d’émigration.

À partir de la fin des années 1880, l’Italie connaît notamment une grave période de crise caractérisée comme les années les plus noires de l’économie italienne, provoquée par trois évènements majeurs :

La rupture commerciale avec la France,

Une crise agricole (aggravée par la rupture précédente),

Une crise immobilière et bancaire.

C’est dans ce contexte économique morose que débutent les premiers départs massifs d’Italiens vers l’étranger.

A cette époque, place Garibaldi à Nice, les travailleurs italiens venaient offrir leurs services pour être employés essentiellement dans les travaux publics et le bâtiment.

Ainsi sera embauché François ROSSI en compagnie d‘autres compatriotes. Au début sa présence ne sera que saisonnière, compte tenu des hivers rigoureux en montagne, y interdisant les travaux extérieurs.

En effet, après s’être marié en 1888,  sa première fille, Ione, naîtra en Italie. A partir de 1900, son installation à Villeneuve d’Entraunes est définitive. Son intégration, soutenue par son employeur, se concrétise très vite par sa naturalisation. Quatre de ses enfants naîtront à Villeneuve d’Entraunes : Raoul en 1901, François en 1904, Palmyre en 1912, Edmond en 1914.

Si la pierre a conservé les traces gravées de son travail, comme ce bloc de pierre d’un barrage du haut Bourdous daté de 1897, ce seront les fontaines des villages du canton de Guillaumes : Villeneuve d’Entraunes (1891, place Coste devant la mairie et celle de1902, un tonnelet qui dispense « le champagne Moët » au bord de la Route des grandes Alpes), Châteauneuf d’Entraunes (sur la place centrale), Villetale (au cœur du village), Péone (1908, finement ciselée sur la place de la Fontaine) qui témoigneront le mieux de ses qualités artistiques.

Eau secrète, eau cachée, dans les villages du Val d’Entraunes, comme partout ailleurs dans les Alpes Maritimes, elle reste un don mystérieux, une révélation. Cette eau douce, pure, ruisselant de vasque en vasque, nous interpelle depuis la mythologie.

Elle repose un instant, murmurante, dissimulée par une végétation abondante faite de lianes, de lierres, roseaux et feuillus. Surgie des roches couvertes de mousses, de sables ou de graviers, ses sanctuaires naturels sont ceux de la nymphe ou de la naïade.

Posséder grâce à  une fontaine, une source, un puits, une citerne, un bassin, de l'eau potable et de l'eau d’arrosage était un grand privilège dans ce pays où cette eau est si difficilement accessible. En effet, celle-ci coulant au fond de gorges encaissées, ne pouvait alimenter les habitats, les bêtes et les cultures étagées en terrasses, dressés sur des éminences.

Aujourd’hui, les adductions se sont à ce point généralisées que ces évocations d’un passé pas si éloigné font figure d’images d’un autre temps.

La fontaine de pierre taillée et sculptée conserve l’expression monumentale du culte de l’eau, les villes et villages des Alpes Maritimes les ont multipliées.

Plus tardives dans le haut pays, elles restituent des modèles antérieurs au XIXe siècle.

Ce retard s’explique par la technique difficile pour amener l'eau depuis les ravins, le coût élevé en matériaux et main-d' oeuvre ainsi que les droits à payer au seigneur lorsque, chose fréquente, la commune n’en possédait pas la propriété de l’eau.

Rappelons  qu’à Villeneuve d’Entraunes la grande fontaine ne fut inaugurée qu’à la fin du XIXème siècle.

Accueillante, avantageusement placée au milieu du village, elle trône là pour mieux exprimer le culte rendu à ce liquide primordial désiré des siècles durant.

Image vivante et familière, le chant de  l'eau qu’elle dispense raisonne comme une revanche contre les caprices d’une nature ingrate, imposant la pénurie des siècles durant.

Le tailleur de pierre est un professionnel du bâtiment, artisan ou Compagnon (l'appellation ouvrier est réservée à l'agriculture et l'industrie), qui réalise des éléments architecturaux en pierre de taille : murs, arcs, linteaux, plates-bandes, voûtes, piliers, colonnes, frontons, corniches, balustrades, cheminées, escaliers, etc. Son domaine professionnel est la taille de pierre. Le tailleur de pierre assure également la pose de ses appareils sur le bâtiment. Il peut être amené à monter des échafaudages. Il travaille en atelier ou sur les chantiers.

Le tailleur de pierre doit être méticuleux et précis dans toutes les étapes de son travail. La précision requise lors de la taille de la pierre est de l'ordre du millimètre, c’est-à-dire de l'épaisseur du trait réalisé à la pointe à tracer et au crayon. Dans l'idéal, le ciseau doit couper le trait en deux.

Cette profession est à différencier de celle du sculpteur. Le tailleur de pierre réalise la structure de l'édifice en pierre, murs, voûtes, arcs des portes et fenêtres, escaliers... qui sont des ouvrages géométriques. Le sculpteur, lui, exécute tout ce qui concerne la décoration de l'édifice, statuaire, bas-reliefs,... qui sont des ouvrages figuratifs, personnages, animaux, végétaux, etc.

Le tailleur de pierre doit aussi connaître la maçonnerie liée à son métier pour pouvoir implanter un ouvrage au sol, étayer les appareillages lors de la pose, poser les blocs de pierre, bloquer les pierres, etc. Il utilise pour cela les mêmes outils qu'un maçon et des mortiers de chaux. Là aussi la précision est de l'ordre du millimètre.

Dans le canton de Guillaumes, la pierre de qualité est abondante offrant une matière première propre à construire et tailler les monuments les plus variés. Qu’il s’agisse du calcaire jurassique dur et parfois coloré d’un bleu sombre ou du grès d’Annot tout aussi solide, le choix des matériaux permet à François ROSSI d’édifier fontaines, piliers, escaliers qui ont su défier le temps. 

François ROSSI, après un court intermède comme mineur à la mine de galène (plomb argentifère) de Saint Pierre de Péone en 1907, avant sa fermeture un an plus tard, monte sa propre entreprise de travaux publics.

Mobilisé en 1914, durant la guerre, il sera  affecté dans la «Territoriale», comme soutien de famille, au Fort carré d’Antibes.

Un terrible incendie ravage Villeneuve d’Entraunes le 7 juillet 1924 n’épargnant que six maisons autour de l’école, de la mairie et du presbytère.

La nécessité de la reconstruction du village entraîne la petite entreprise familiale de François ROSSI à relever le défi. A cette occasion sera construite en pierre de taille l’actuelle maison familiale, avec son pignon caractéristique, bordant la place traversée par la « Route des Grandes Alpes ».

L’ampleur de cette construction et sa situation incitent  la famille à ouvrir un hôtel-restaurant en 1931, tenu par Madame ROSSI mère, secondée par sa fille Palmyre.

François ROSSI décède en 1936, en laissant le souvenir d’un homme courageux et travailleur ainsi que celui d’un père de famille doux, attentif et affectueux.

Comme tous les compagnons tailleurs de pierre de Carrare, François ROSSI possédait des convictions libertaires. Rappelons que Carrare demeure pour certains, une véritable capitale de la pensée  anarchiste italienne et internationale, même si à présent, cet aspect n’a plus qu’une connotation folklorique. Après 1918, François ROSSI conservait pieusement,  dans le fond de son porte-feuille, le portrait de Lénine,  fondateur des nouvelles espérances prolétariennes !

Au-delà de ses talents de tailleur de pierre et de sculpteur, il possédait également des dons de musicien qui soulignaient sa grande sensibilité.

Lorsque vous passerez devant l’une des fontaines qu’il a édifiée et gravée de ses initiales R. F. (ROSSI François), pensez à ce créateur qui, signant son travail, adressait un clin d’œil à la République Française qui l’avait chaleureusement accueilli.

Une raison de plus pour venir apprécier les lavoirs et fontaines anciennes du canton de Guillaumes, témoins d’une époque où les lavandières battaient leur linge dans leur bassin alors que l’abreuvoir attirait les animaux venus y étancher leur soif.

Ces modestes monuments au cœur de chaque village nous racontent encore la vie d'antan.

Edmond ROSSI (petit-fils de François ROSSI)

LA “ STACADA ” DE BREIL SUR ROYA

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La légende raconte qu’au XIVème siècle, un seigneur désirait user du droit de cuissage sur une jolie jeune fille prénommée Jeanne, qui devait se marier le lendemain. Le peuple, hostile à cette coutume, n’attendait que l’occasion pour y faire opposition. Un gentilhomme escorté de mercenaires turcs vint à passer dans la localité. Les trois frères de la jeune fiancé s’abouchèrent avec lui, puis ils attaquèrent le château, en chassèrent le libidineux seigneur et lui firent renoncer à son droit de cuissage.

Cet événement était fêté jadis la veille du Mardi Gras, par une fête dite de l’Estocade, où l’on faisait revivre l’attaque libératrice au son du fifre et des tambours, suivie de banquets et de danses anciennes avec un protocole et un rituel bien défini.

Aujourd’hui, tous les quatre ans, la fête est reprise un dimanche de Juillet. La célébration de l’abolition du droit de cuissage, rappelant la révolte des Breillois, est de nos jours dirigée contre le bailli qui aurait exercé ce droit. D’après la tradition, les habitants avaient passé la nuit devant la maison des jeunes mariés et empêché les hommes de main du bailli d’enlever la jeune femme. Le lendemain, alors que le mouvement de révolte s’étendait, que les soldats hésitaient sur le parti à prendre et que les notables s’employaient à mater les rebelles, le seigneur de Breil entrait dans le bourg. Averti de la situation, il se mettait à la tête des révoltés et châtiait les notables. C’est cette histoire différente de la légende originale que reconstitue la “ stacada ”.

Tôt le matin, le tambour major, portant sur le ventre une “ crischenta ” (sorte de gâteau comparable à une fougasse confectionné à Breil) protégée par un grillage, rassemble tous les participants, soit une centaine de personnes. Le cortège s’ébranle où apparaissent le chef des révoltés, la jeune mariée et ses demoiselles d’honneur, les gens du peuple (bûcherons, hallebardiers, cuisiniers, …), les juges, le bailli et les notables, le seigneur, son troubadour et les hommes d’arme. Les notables fuient, s’ensuit une poursuite, un combat et une capture, nouvelle fuite suivie d’escarmouches aboutissant à la place Rousse où le bailli est condamné à la décapitation et ses complices au pilori. La grâce leur est finalement accordée. Mais tout ne s’achève pas là.

Les ruelles sont encore barrées par des poutres qui entravent le passage du cortège au niveau du premier étage. Poutres qui doivent être abattues par les bûcherons afin que les oriflammes ne puissent s’incliner pour poursuivre leur procession. Cette avance scabreuse au milieu des obstacles ne s’achève parfois qu’à la nuit lorsque la dernière d’une quinzaine de poutres est enfin brisée.

Si les joutes sont rudes, elles n’atteignent pas en violence les farouches combats d’autrefois, où l’on relevait des blessés. Un banquet fraternel à base de ravioli réunit dans la soirée tous les participants, avant que l’allégresse n’entraîne l’assemblée dans un bal populaire.

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacteredmondrossi@wanadoo.fr

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'onajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginairerejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

 

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com 

A VENCE, QUAND LES GENETS FLEURISSAIENT A NOEL...

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« Ne désespérez jamais, faites infuser d’avantage. » Henri Michaux

Pour resituer la menace des Sarrasins dans les Alpes Maritimes, rappelons qu’après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734.

Les raids se poursuivent ensuite, avec une attaque sur Nice en 813.

A la suite de sa prise de pouvoir en 822, le comte Hugues d’Arles détruit l’armée sarrasine, avant de céder ses droits au duc de Bourgogne Rodolphe II. Les Sarrasins se regroupent alors dans la Basse Provence.

Commence à ce moment-là, une période sombre pour la Provence orientale qui durera presque un siècle de, 883 à 972.

Installés au Fraxinet (La Garde-Freinet) au- dessus  du Golfe de Saint Tropez, au Cap Ferrat et à Eze,  les Sarrasins opèrent dans toute la région, ravageant  successivement Grassse, Nice, Cimiez, La Turbie et Vence.

Le comte d’Arles Guillaumes et son frère le marquis  de  Turin Arduin fédèrent  les seigneurs locaux dans  une sorte de croisade qui aboutit en 972-974, à l’expulsion définitive  des Maures de leur repaire du Fraxinet.

Après cette glorieuse épopée, Guillaume dit «le libérateur » assoit son autorité sur une Provence indépendante en prenant le titre de marquis.

Mais la menace  insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous, va se poursuivre par des raids surprises  sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et  les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane.

L’incendie criminel de la cathédrale épiscopale d’Antibes en 1125, par les princes opposés à l’évêque, sera mis ensuite au compte des Sarrasins qui, donc, sévissaient encore dans la région.   

Qui étaient ces  pirates enturbannés venus  de  la mer ? Selon les historiens, des  muwallads espagnols convertis à l’Islam ou des mozarabes chrétiens sous domination musulmane du calife de Cordoue.

S’y ajoutaient parfois des apports du  Maghreb, comme en  934, quand  une  flotte arabe, venue d’Afrique et de Sicile, saccage la ville de Gênes.

En Espagne, le  roi d’Aragon Jacques le conquérant (1213-1276 ) atténuera le péril par la conquête de Valence et des Baléares. Il en sera de même lors de la reconquête de Murcie en 1243. 

Mais il faudra attendre 1492, pour voir les musulmans, chassés de leur royaume de Grenade, quitter définitivement l’Espagne.

Durant tout le Moyen-Age, les inquiétantes felouques des flottilles sarrasines viendront depuis leurs  bases espagnoles razzier  sans vergogne  le littoral des Alpes Maritimes.

L’apport odieux d’esclaves, femmes et enfants, enlevés sur la côte de Nice à Cannes, va constituer tout au long  de ces siècles, un commerce florissant, propre à encourager la  répétition d’attaques audacieuses dont il faudra se protéger.

Du haut des murs dressés au sommet du «Baou des Blancs», dominant collines et vallons, la vue s'étend jusqu'à la mer. De son repère aérien, Victor Roubaudy, attentif, surveille les allées et venues des Infidèles campant dans les ruines de l'ancienne cité de Vence. Les campagnes d'alentour, abandonnées et sans culture depuis trois ans, n'offrent plus que le spectacle de la désolation. Ce nouveau raid des Maures a débuté la veille par l'arrivée de voiles noires cinglant au Ponant. Débarqués sur la côte déserte, les nouveaux venus sont d'abord allés renforcer leurs frères d'arme regroupés dans l'ancienne forteresse de Cagnes.

Réfugié depuis peu à Saint Laurent la Bastide, le moine Aymard, rescapé de l'abbaye de Lérins, a témoigné dans son premier sermon des crimes et dévastations: «Les Sarrasins ont tout saccagé, détruit l'église et le monastère, des lieux les plus agréables ils en ont fait la plus affreuse solitude. Sur la côte, ils se promènent dans tout le pays portant le fer et la flamme, emmenant en esclavage une multitude de captifs. Des hommes et des femmes sont écorchés vifs, comme les Sarrasins ont coutume de le faire à l'égard des nôtres et comme nous l'avons vu de nos yeux. »

La poignée de Vençois retirés dans le nouveau village de Saint Laurent la Bastide, à l'abri des hauteurs du Baou, s'est placée sous la protection du nouveau seigneur Laugier Ruffi. Laugier a conquis ses titres de noblesse au combat, il a su organiser la défense et la vie de la petite communauté évitant les attaques et la famine. Les murs ont été renforcés autour de l'antique castelet à tour carrée. Placé au sommet de cet observatoire, Victor Roubaudy guette les mouvements de l'adversaire depuis le lever du jour.

Soudain un cri: «Les Maures! Les Maures ! . » Secouant la cloche tout en hurlant, Victor donne l'alerte. En effet, prenant la direction du vallon de Malvan, après s'être regroupés, quelques centaines d 'hommes s'avancent d'un pas décidé. Devinant la manœuvre d'encerclement, Laugier Ruffi prépare une sortie avant que l'ennemi n'atteigne le pied des murailles en contournant par le plateau. Dévalant du rocher vers le vallon, la petite troupe part courageusement à la rencontre de l'adversaire. Surpris par l'attaque, les Maures désemparés reculent puis se ressaisissent et très vite submergent les Provençaux qui succombent sous le nombre. Laugier Ruffi, après un combat héroïque où tombent à ses côtés les meilleurs de ses hommes, est fait prisonnier, entravé et traîné au pied du farouche caïd Haround el Rachid. Nous étions le jour de Noël de l'an 953. La veille, la femme du seigneur de Saint Laurent la Bastide, dame Phanette à la chevelure d'or, belle comme une madone, avait donné le jour à une fillette jolie comme un ange. L'enfant avait été baptisée Nouvette en souvenir de la nuit sacrée de Noël se disant Nouvé en provençal. Avant de partir, captif du Maure, Laugier, le vainqueur de jadis, s 'humilia en demandant une ultime faveur: embrasser son épouse sur le point de rendre le dernier soupir et sa fille qui venait de naître. Magnanime, Haround accepta et proposa un bien étrange marché: «Retourne dans ton château, nous ne troublerons plus la paix des terres dont tu es le maître. Mais dans vingt ans, jour pour jour, mon fils viendra réclamer la main de ta fille, à cette condition je t'offre la liberté à toi et aux tiens qui vous êtes si bien battus ! »

Libre, Laugier Ruffi reprit le chemin de Saint Laurent la Bastide où, après avoir pleuré la mort de Phanette, il se consacra tout entier à sa fille. Au fil des années, Nouvette grandissait en beauté et en sagesse. Dans toute la contrée chacun vantait la douceur de ses traits, son charme et sa vertu. Mais le retour du Maure approchait. Laugier avait dissimulé à sa fille le terrible secret qu'il gardait enfoui au fond de son cœur tourmenté. Préparant l'assaut final contre les dernières bandes sarrasines qui infestaient encore le pays, Guillaumes le Roux Comte de Provence, déjà nommé le «libérateur», passa en automne par Saint Laurent la Bastide. Il y fut dignement reçu par Laugier Ruffi et les seigneurs d'alentour. A la fin du banquet, Guillaumes troublé par la beauté de Nouvette glissa à l'oreille de son hôte: «Je vous envie d'avoir un pareil joyau, il va pourtant falloir songer à vous en séparer pour la marier à l'un de nos preux chevaliers. Les prétendants seront nombreux! Je serais flatté de revenir parmi vous pour ses épousailles. » Laugier, confus et honteux, rougit sous le compliment n'osant révéler que sa fille représentait le prix de sa liberté.

En dépit du temps qui passait, l'odieux serment torturait la mémoire et le cœur du père de Nouvette. Les saisons s'écoulaient rapprochant toujours plus la date de l'échéance fatidique.

L'avant veille de Noël 973, alors qu'on s'activait déjà aux préparatifs de la fête, trois voiles sombres apparurent à l'horizon contournant le Cap d'Antibes. Le lendemain un émissaire du fils d'Haround el Rachid prévenait le malheureux Laugier Ruffi qu'il allait devoir exécuter sa promesse et lui livrer sa fille, rançon de l'impitoyable marché conclu vingt ans plus tôt jour pour jour. Le Maure promettait en outre à Nouvette un sort enviable, comme favorite de son harem.

Devant l'imminence du péril, le seigneur de Saint Laurent la Bastide terrassé par le poids de sa conscience, s'agenouilla dans la petite chapelle contiguë au château. Après avoir imploré la grâce divine et offert son âme et son corps pour expier la faute, il se décida enfin à avouer sa lâcheté.

Prévenue, Nouvette tomba en larmes, révoltée contre le sort injuste qui l'attendait.Nous étions le soir de Noël. Déjà la troupe des Maures confiante s'installait sous les remparts du château éclairés par la lune. Des tentes dressées s'échappaient des flots de musique étrange mêlés aux fumets des moutons rôtis pour fêter l'accueil de la promise.

La fille du seigneur de Saint Laurent la Bastide s'avançait déjà effleurant une dernière fois les genêts accrochés au bord de la falaise. Penchée vers le vide elle murmura : «Je ne vous verrai plus fleurir belles «ginestres» de ma Provence», implorante elle ajouta : «Si vous pouviez me protéger et m'épargner l'exil au pays de l'Infidèle! Aidez-moi ! » Supplia-t-elle. Simultanément et comme en écho à ces paroles, les douze coups de minuit s'égrenèrent au clocher de la modeste chapelle du château.

A ce signal et comme sous l'effet des chauds rayons du soleil de juin, tous les genêts se dressent, s'épanouissent et fleurissent formant mille haies défensives devant les Sarrasins déconcertés. Dans la campagne environnante autant de piques acérées couvertes de fleurs inondent le paysage d'une lumière dorée. Devant ce sortilège, attaqués de toute part par les flèches jaunes, les Maures abandonnent leur camp et s'enfuient en désordre vers la côte. Le jour qui suivit, ils levèrent l'ancreet disparurent à jamais du pays vençois.

Quelques mois plus tard, le 21 juin alors que les précieux genêts fleuris embau­maient les collines et les vallons, la douce et tendre Nouvette épousa en grande pompe le beau et brave Pons, fils de Rodoard, prince d'Antibes et seigneur de Grasse.

Les festivités du mariage se poursuivirent dix jours durant à la grande joie de tous. Plus tard sept enfants concrétisèrent cette union heureuse. Vence renaquit de ses ruines, la princesse s'y installa et vécut de longues années de bonheur dans sa chère Provence.

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacteredmondrossi@wanadoo.fr


"LE CHAMOIS BLANC", DANS "LE MISTRAL SUR LE MERCANTOUR"...

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«Le monde pourrait vivre sans tuer ni animal ni végétal. »

Théodore Monod

  

Cette année là, les journées ensoleillées de septembre prolongeaient avantageusement l’été.

A Villeplane, chacun s’activait, pour profiter au mieux des douceurs de cette arrière saison.

Les labours avaient débuté dans les campagnes et les tas de fumier méthodiquement répartis exhalaient leur vapeur dans l’air frais du matin.

Au village, il fallait avant tout «rentrer » le bois. Les scieurs ahanaient vigoureusement par couple, au bout de leur passe-partout, coupant les troncs que d’autres fendaient en bûches, pour être empilées à l’abri.

L’odeur douce de la sciure flottait autour de ces préparatifs, destinés à conjurer les prochaines rigueurs de l’hiver.

Les derniers légumes récoltés au potager, femmes et enfants s’égaillaient dans les sous-bois pour s’y disputer champignons et myrtilles.

Sur les hauteurs, à la ferme de la Gravière, éloignée du village, les préoccupations étaient autres. Etranger à cette animation effrénée, l’hôte des lieux, plus taciturne que jamais, s’isolait de longues heures durant, à l’intérieur, sans qu’on puisse deviner ce qu’il pouvait bien «fabriquer » ?

Cyprien Liautaud n’était pas facile à approcher, avec ses deux chiennes qui gueulaient, dès qu’on prenait le chemin qui montait chez lui. L’homme vivait là-haut en ermite à la suite du décès de sa femme en couches. Seule sa fille Marthe, mariée au village, venait parfois lui rendre visite.

Après son veuvage précoce, Cyprien s’était replié sur lui-même, la Gravière à l’écart du village avait accentué cette fâcheuse tendance. A cinquante ans, ce solitaire n’avait qu’une unique passion : la chasse.

Pour lui, l’automne annonçait «l’ouverture » et la promesse de prises fabuleuses. Mais pour assurer ces futurs tableaux, dignes de sa renommée, il fallait s’y préparer avec sérieux sans rien négliger.

Voilà pourquoi, installé à la grande table de la salle de séjour, il œuvrait du matin au soir, pour fourbir ses armes, confectionner ses diverses cartouches savamment dosées en poudre et en plombs qu’il  sertissait lui-même. Ces préparatifs interminables, adaptés au calibre de chaque arme et à la nature du gibier, méritaient une attention soutenue que chacun commentait à sa façon.

Ses positions tranchées, sources d’une incommunicabilité notoire accentuée en cette période, le faisaient plus que jamais traiter d’ours mal léché.

Ce bougon, en bagarre permanente avec les gens des alentours qu’il  n’hésitait pas à menacer le fusil à la main, apparaissait comme un homme craint, voir dangereux. S’il prenait plaisir à provoquer les autres par ses critiques virulentes et ses propos acerbes, il avait trop de fierté pour reconnaître ce qu’il sentait comme un aveu de faiblesse. Cynique, l’homme défiait et les uns et les autres, pour mieux conjurer l’inconsolable douleur qui le tourmentait, depuis la perte d’une femme qu’il avait adorée.

Cyprien ne trouvait la paix que dans la quête sans fin que lui offrait la chasse. Seul le miracle, né de cette passion assouvie, semblait pouvoir lui apporter le calme.

Sa profession d’artisan maçon, confinait souvent plus au bricolage qu’au suivi astreignant d’un chantier, ce qui lui permettait de larges espaces de liberté, particulièrement à l’époque de la chasse.

Survolé par un aigle royal empaillé, aux ailes largement déployées, son antre reflétait sa passion cynégétique, autant par les trophées naturalisés que par la panoplie d’armes à feu, accrochées au râtelier, voisinant avec les cartouchières et fourreaux pendus près de la lourde veste de velours, formant gibecière.

A la veille de l’ouverture, la salle se transformait en atelier où Cyprien frottait, brossait, nettoyait, graissait, astiquait tout son arsenal, de la carabine légère aux solides fusils, depuis le vieux Mauser, jusqu’au calibre 12. Après avoir été soigneusement démontée, chaque arme offrait son canon à la caresse de l’écouvillon, de la baguette au chiffon enduit d’huile fine, avant d’être effleurée une dernière fois avec de la laine puis être épaulée enfin vers la lumière, pour s’assurer en visant, de l’éclat intérieur de son cœur.

Sur la table, de petits tas de grenailles et de chevrotines voisinaient sur un journal étalé, avec des boîtes de bourres, de poudres diverses, d’amorces, de douilles prêtes à être remplies et serties, car Cyprien méfiant, tenait à confectionner lui-même ses munitions.

Il  ne se fiait en rien au catalogue de la « Manufacture de Saint Etienne », bien que cette «bible » incontournable du chasseur trôna tout de même au milieu de ce fatras.

Il fallait les plaintes réitérées de ses deux chiennes, Bella et Finette, pour qu’il se décide à s’occuper enfin de ses deux fidèles compagnes avec qui   il partagerait une soupe épaisse réchauffée au bord du poêle.

Le matin tant attendu de l’ouverture, chacun connaissait ses objectifs. Quelques jours avant, des reconnaissances effectuées dans les divers quartiers avaient permis de recenser bartavelles, coqs de bruyère, lièvres, sangliers et chamois. Chaque vol, chaque harde, à l’unité prés, se devaient d’être repérés.

Si les chiens courants de Cyprien savaient très bien lever les bêtes à poil, il lui fallait souvent plus d’un chasseur pour les tirer, après s’être posté aux passages empruntés habituellement par le gibier. C’était un cruel dilemme, très mal accepté par ce rebelle querelleur, pour qui personne n’avait grâce à ses yeux. Dans cette situation délicate où le partage de la chasse s’imposait, il faisait alors appel à Etienne, son jeune apprenti, un garçon docile et zélé qu’il  avait lui-même initié à la chasse.

Etienne Blanc vouait une admiration sans borne pour celui qu’il appelait respectueusement «lou Mestre ». Tour à tour élève et assistant, il prolongeait efficacement, en les multipliant, les capacités d’un patron exigeant qui  appréciait cet auxiliaire soumis et adroit. Il arrivait même parfois, au retour de chasse que ce chef difficile, se laisse aller à un compliment, valant la meilleure des récompenses. Seules ces circonstances exceptionnelles pouvaient humaniser un temps un Cyprien bourru, habituellement enfermé dans un silence renfrogné.

Pour trouver sa mesure dans une chasse véritable, Cyprien préférait une traque personnelle, débarrassée de la présence importune et de la complicité diluante des hommes et des chiens.

Seule la chasse au chamois en solitaire, dans le cadre minéral dépouillé de la haute montagne, comblait ses désirs. L’approche prudente, en terrain découvert, face au vent, pour ne pas être humé et alerter la proie, cela jusqu’à une distance suffisante pour un tir bien ajusté et efficace, représentait pour Cyprien une confrontation loyale, laissant dans son esprit, une chance à l’animal.

Mais avant de tenter cette aventure individuelle, il fallait soustraire à ses rivaux, ce qui pouvait l’être. C’est ainsi qu’un matin d’octobre, convaincu qu’une harde de chamois fréquentait les bois du vallon de Vionèse, Cyprien grimpa avant l’aube, jusqu’à la fine cascade chutant des barres abruptes dominant le site.

Plus bas, Etienne devait attendre le lever du jour, pour lâcher les chiennes et s’activer comme rabatteur, en remontant le vallon, pour débusquer devant lui les bêtes effrayées.

Placé au pied de l’unique faille accédant au sommet, Cyprien attendait patiemment sûr de son coup. Puis soudain, lui parvinrent les aboiements rageurs des chiennes, répercutés en échos par les hautes falaises. Pas de doute, les jappements significatifs de Blanca et Finette annonçaient qu’après avoir levé la harde dans le bois,  «elles prenaient le pied » dans une poursuite impitoyable, en remontant le vallon. Plus que jamais aux aguets, Cyprien ouvrait l’œil et l’oreille, prêt à voir surgir les bêtes traquées.

Le temps s’écoulait, accentuant sa nervosité. Si en bas les cris confirmaient la montée des chamois, ceux-ci restaient toujours invisibles. Après une période intense d’attente, quelques pierres dégringolèrent d’abord, depuis le sommet de la falaise rocheuse dominant Cyprien. La volée de projectiles s’accentua ensuite, l’obligeant à reculer pour se plaquer sous un surplomb, afin de s’abriter.

Alors qu’il se recroquevillait pour mieux se protéger, le bruit d’une cavalcade effrénée, lui fit tourner la tête. Le troupeau passait au galop, à l’emplacement exact qu’il venait prudemment de quitter. Un, deux, trois, quatre, ce sont jusqu’à sept chamois qui  défilèrent ainsi à toute allure, avant de s’élancer dans la brèche, pour gagner la crête de la montagne.

Leur promptitude fut telle qu’il  n’eut pas le temps d’épauler, fou de rage, Cyprien lança des jurons à faire trembler les pierres.

La harde se composait de deux chèvres, encadrant cinq éterlous, des jeunes chamois d’un an n’excédant pas vingt kilos. Une chèvre aurait bien fait l’affaire, mais c’était trop tard.

La chasse s’achevait sur cet échec, il ne restait plus qu’à redescendre vers la vallée.

Curieux de connaître l’origine de la pluie de pierres qui l’avait contraint à quitter son poste, Cyprien s’arrêta et se retourna, pour scruter le sommet à la jumelle. Stupeur, s’il aperçut bien sûr la troupe qui l’avait croisé, il remarqua aussi à l’écart, dressé sur un tertre, un superbe mâle à la toison blanche, sans aucun doute, l’auteur de la chute de cailloux salvatrice de sa petite famille.

Comment avait-il pu grimper là-haut, sans emprunter la faille ? Pourquoi conservait-il encore, en cette saison, sa robe d’hiver dont le mimétisme lui avait permis de se confondre avec la neige ?

De belle taille, dépassant le quintal, ce spécimen rare, probablement albinos, étranger à ces lieux, devait provenir du massif voisin, par de-là le Pas Roubinous et la chaîne de montagnes dominant la vallée.

En suivant les traces laissées au sol, Cyprien retrouva les empreintes de l’animal, larges, bien formées, avec un sabot pointu, propre à expliquer l’agilité à grimper directement les barres rocheuses verticales, en évitant le passage de la brèche. Lui prêter une manœuvre consciente de contournement du chasseur, pour mieux protéger la harde, en précipitant ensuite des cailloux sur le gêneur, relevait de la plus totale fantaisie. Il fallait pourtant se rendre à l’évidence, l’enchaînement troublant de ces coïncidences avait réussi à sauver le troupeau.

Cyprien détailla longuement à la jumelle, les traits de celui qui le défiait. Il murmura enfin entre ses dents : « Quel culot ! Toi mon salaud je t’aurai… ». Il étouffait encore d’indignation lorsqu’il fut rejoint par Etienne, accompagné des chiennes. L’autre étonné lui lança : « Alors Mestre, vous n’avez pas tiré ? » Ne doutant pas du talent de chasseur de son patron, le jeune homme diabolisa un peu plus le comportement singulier du «chamois blanc ». Plus farouche que jamais, l’autre se contenta de confirmer ses intentions en forme de serment : «  Pitchoun, sache qu’on ne se moque pas de Cyprien Liautaud, à partir de maintenant, je vais le marquer à la culotte et je te fiche mon billet que je me le paierai ce « Blanchon » de merde ! ».

Précédant ensuite Etienne, avec les deux chiennes sur ses talons, il rejoignit la Gravière à grandes enjambées, sans mot dire, enfermé dans une sorte de méditation intérieure.

Etienne ne se priva pas de commenter l’événement dans les différents bistrots du coin. Bien sûr, chacun faisait écho à ses discours, assurant avoir vu « le chamois blanc » qui au fil des récits devenait aussi gros qu’un âne, leste comme un écureuil et plus rusé qu’un renard ! La légende se propagea à la foire du Bourguet où les plus fines gâchettes du canton projetaient déjà, une importante battue visant la capture de l’insaisissable animal.

Cyprien, bougon en bagarre permanente avec ses confrères, ne se laissa aucunement impressionner par les résolutions de ces piètres rivaux.

Plus que jamais reclus, le visage grave et le regard inquiet, ce solitaire préparait sa revanche.

Négligeant tout autre gibier, il s’infligea les jours qui suivirent, de longues et minutieuses recherches, pour retrouver la trace du fabuleux chamois. Ses efforts se révélant infructueux, Cyprien prépara un soir son sac à dos, avec assez de pain, de fromage et de lard, pour tenir une semaine.

Il partit le matin, pour aller voir plus loin, au-delà de la chaîne de montagne barrant l’horizon de la vallée. C’est ainsi qu’en fin d’après midi, parvenu au bord d’un lac inconnu, il croisa un berger peu disert qui  l’avisa avoir vu la bête la veille au col de Sangaris.

Après avoir passé la nuit à la bergerie, Cyprien reprit sa quête au petit jour.

Aux abords du col, il repéra des empreintes fraîches, nettement imprimées dans la boue. Il s’agissait des larges pattes caractéristiques du « chamois blanc », apparemment isolé, sans doute cherchant quelque herbage tranquille à l’écart du troupeau de moutons.

Vers midi, après un vaste tour d’horizon à la jumelle, l’animal lui apparut, paissant solitaire, au sommet d’une corniche rocheuse. Oui, c’était bien lui ! Le cœur affolé, comme à sa première rencontre amoureuse, Cyprien fit le tour des possibilités du relief, pour approcher la bête.

Le soleil baissait déjà sur l’horizon. Il reprit son bâton pour descendre à la bergerie, y casser la croûte et s’allonger pour la nuit sur une litière de paille.

Réveillé avant l’aube, il prit un café avec le berger, avant de remonter vers le col de Sangaris et les crêtes grisâtres dominant l’emplacement occupé la veille par «le chamois blanc ».

Les premières lueurs du jour éclairaient le levant, alors qu’il parcourait l’escarpement conduisant au gîte probable de l’animal.

Attentif à ne faire rouler aucune pierre, Cyprien avançait contre le vent, dans l’air froid du matin.

Parvenu à une cinquantaine de pas du but, il s’assit derrière un rocher pour reprendre son souffle.

Le silence n’était troublé que par le chant lointain d’un ruisseau fuyant vers le lac, au bord duquel la minuscule cabane laissait échapper une volute de fumée bleue. La brise apportait parfois l’écho incertain de jappements furieux, lancés par les chiens du troupeau.

Soudain le soleil flamboya, ardent, suprême, au-dessus du Pas Roubinous, dans un ciel orangé, marqué par de légères traînées de nuages.

Ayant repéré la station suivante, bien abritée par une avancée rocheuse, Cyprien s’y avança en rampant, avec son seul fusil.

Il fallait maintenant s’assurer de la présence de l’animal, sans éveiller son attention. Il était de règle que le chamois pâturait dès le lever du soleil, en progressant régulièrement vers les hauteurs.

Donc, il suffisait de le laisser gravir la pente et d’attendre patiemment son passage.

Cyprien ne s’était pas trompé, en contrebas il aperçut bientôt sa proie, paisible, broutant quelques touffes parfumées de génépi.

La corpulence de ce superbe mâle solitaire était exceptionnelle, tout comme sa robe d’une blancheur inaccoutumée. Seules deux taches sombres entouraient symétriquement ses yeux, comme un touret de nez, prolongé sur le crâne, à la base de deux fières cornes noires, luisantes, recourbées en crochet vers l’arrière. Pas de doute, «Blanchon », comme l’appelait familièrement Cyprien, avait fière allure, aussi à sa vue, il ne put maîtriser une moue admirative.

Une heure plus tard, toujours terré derrière son rocher, l’homme attendait, l’oreille aux aguets.

Ses seuls compagnons ne furent qu’un couple de choucas criards, tournoyant indiscrets, jusqu’à l’effleurer en ras motte, avant de disparaître effrayés lorsqu’il leva la tête.

La brise matinale avait viré, laissant place au vent d’Ouest qui  balayait la montagne de ses rafales intempestives. Le souffle du Mistral ne pouvait que compromettre la poursuite de la chasse, en immobilisant le chamois.

La bourrasque n’atteignait pas le flanc de la montagne, occupé par Cyprien et l’animal, seuls quelques tourbillons s’enroulaient sur cette zone protégée. Pourtant, il fallait se rendre à l’évidence, tassée plus bas, confortablement couchée, la bête stationnait à l’abri des coups du vent.

Le soleil était déjà haut lorsque engourdi Cyprien décida de se détendre. Il se déplia alors en partie, pour mieux s’avancer du côté du chamois.

Il n’était pas à demi redressé que le sifflement strident d’une marmotte, repris en échos par ses congénères, résonnait pour alerter toute la montagne de la présence d’un intrus.

Prévenu, « Blanchon » détalait lestement vers le col voisin, sans laisser le temps au chasseur d’ajuster et tirer. Il n’eut que la vision fugitive de sa blanche croupe, rehaussée d’une courte queue frétillante, volant au-dessus des caillasses.

Le chapelet d’exclamations et d’injures qui  salua cette fuite, intensifia la stupeur générale des marmottes, provoquant des séries interminables de sifflements épouvantés.

Désappointé par ce nouvel échec qui  n’atténuait en rien sa détermination, Cyprien repartit vers les sommets inaccessibles, au-delà des nuages emportés par le Mistral, vers l’éther pur de la voûte céleste.

 

Plus que jamais obsédé, il poursuivait sa traque, franchissant à nouveau la montagne en direction de l’Ouest.

Après avoir traversé un col rocheux élevé, le paysage s’adoucit, développant de vastes étendues d’alpages jaune paille, formant plateau, sans autre limite que la courbure légère des Préalpes provençales.

Incertain et encore décontenancé, Cyprien s’engagea tel un automate, face au Mistral que rien n’arrêtait. Il marcha ainsi tout le jour, dans le vent et sous le soleil, pourchassant l’image du «chamois blanc » qu’il conservait dans sa mémoire. Cette quête vaine, aboutit le soir au bord d’un val, dans un village de pierres blanches et de bois de mélèze qui  l’accueillit pour la nuit.

Les gens de Peyresc ne connaissaient pas le «chamois blanc », ils lui conseillèrent de retourner par Aurent, afin de rejoindre le vallon de Pesqueires où paissaient leurs troupeaux à l’estive. Ce serait bien le diable, si les «pastres » ne pouvaient pas lui en dire plus sur cet insaisissable animal !

Nanti de ses informations, Cyprien reprit sa course solitaire à travers ce sauvage et rude pays.

Il parvint ainsi à Aurent, hameau isolé où vivaient encore quatre familles entourées d’une nuée d’enfants, pour la plupart de l’Assistance Publique, justifiant la présence d’une école.

L’eau de la fontaine, fraîche et limpide, jaillissait d’un escarpement voisin, écrasant le village.

Seuls les vieux, les femmes et les plus jeunes résidaient dans ce bout du monde. Les hommes, partis ailleurs en basse Provence pour y moissonner, labourer, se louer, ne revenaient à Aurent qu’épisodiquement. Là, un vieillard confirma avoir entendu parler du «chamois blanc », entr’aperçu par les bergers de Pasqueires, tous impressionnés par la taille et la couleur de ce superbe mâle, habile à se faufiler hors de portée des fusils.

Cyprien reprit son chemin pour remonter le ravin de Grosse Plane, puis du vallon de Pasqueires, vaste canyon désolé où ne serpentait qu’un mince filet d’eau, gonflé seulement par les orages d’été. La lumière rose du soleil soulignait encore les crêtes lorsqu’il approcha enfin des cabanes de Pasqueires. Autour d’elles, des enclos contenaient la masse bêlante des tardons, ces agneaux du printemps, regroupés pour la foire.

Annoncé par les hurlements des chiens de troupeau qui  bientôt l’entouraient, Cyprien rencontra les cinq bergers et leurs aides. Ces hommes veillaient l’été sur quelques milliers de moutons, disséminés sur les alpages environnants. Transhumant surtout de la Crau avec leurs bêtes, ils se préparaient déjà au retour, avant les premières chutes de neige.

C’est autour d’un grand feu de camp que Cyprien partagea en leur compagnie le pain, la soupe et le fromage.

Les lueurs dansantes des flammes éclairaient les visages émaciés de ces coureurs de cimes qui  tous connaissaient le «chamois blanc » pour l’avoir croisé.

Le dernier à l’avoir rencontré, encore bouleversé, raconta qu’acculé à l’extrémité d’une vire, la bête l’avait chargé cornes en avant, pour se dégager. N’ayant pu le tirer, il avait paré le choc par une esquive périlleuse, lui évitant de tomber dans le vide.

Si la défense du troupeau des femelles surexcite parfois le mâle, jusqu’à le rendre agressif en période de rut, ce n’était pas le cas pour cet animal isolé.

L’attaque du «chamois blanc » restait donc incompréhensible, ses congénères préférant habituellement fuir l’homme plutôt que de l’affronter. Son comportement offensif paraissait aussi singulier que sa taille et la couleur de son poil.

A la suite de cette agression frontale, le berger avait abandonné la chasse, à proximité du Mourre Frey.

Après les épreuves physiques endurées au long de sa journée et rassuré par ces nouvelles, Cyprien s’endormit du sommeil du juste.

Bien avant l’aube, le tumulte des sonnailles et des aboiements signalait le regroupement du troupeau. Cyprien le visage rafraîchi par une rapide ablution au bord de l’abreuvoir, saluait déjà ses amis d’un soir.

Au fil des interminables journées de marche sous le soleil, obsédé par l’image tenace du «chamois blanc », il attribuait une dimension quasi mystique à la capture de l’animal.

Soliloquant pour mieux se convaincre de ses chances de réussite, sa démarche atteignait parfois l’hallucination lorsqu’il portait ses jumelles en direction de mirages ou de taches claires nichées là-haut dans la pierraille.

Une fois gravies les pentes du Mourre Frey, Cyprien avait suivi la ligne de crête à mi-pente, pour ne pas être remarqué. Parvenu sur le lieu indiqué par le berger, il eut la surprise de tomber nez à nez avec un groupe de trois chamois, une chèvre et deux jeunes qu’il  négligea pour poursuivre son chemin, persuadé de trouver le mâle à proximité.

Son flair de limier l’entraîna à remonter un couloir herbeux vertical, conduisant vers une brèche étroite qu’il  aborda avec précaution.

Une large cuvette, cernant  un lac vert à moitié gelé, apparut au-delà de la crête. Il observa attentivement le tour de ce cirque sauvage que le berger lui avait désigné sous le nom du trou de l’Aï (l’âne). Rien ne poussait dans cet amoncellement d’éboulis, déchargés par l’érosion de la falaise grise, cernant ce lieu hostile, lunaire, ignoré des hommes et des troupeaux.

Brusquement, son cœur se mit à battre plus fort lorsque son regard se posa sur une forme claire qui  se déplaçait vers l’unique tache verte, accrochée sous une barre rocheuse.

Après s’être aplati sur le sol, il ajusta longuement ses jumelles, pas de doute, c’était bien lui ! Deux cent mètres le séparaient de l’animal, pour se rapprocher, il chemina sur le côté opposé de la crête, pour surgir à moins de cinquante mètres de sa proie. Il ajusta avec son calibre 12, visa l’épaule et tira une première cartouche.

Le coup de feu claqua, répercuté en échos par les parois rocheuses, il devint une interminable salve, résonnant dans toute la montagne.

« Le chamois blanc » touché, avait chancelé sous le choc, avant de se reprendre et de foncer comme un fou en direction du lac.

La bête atteinte par les chevrotines, portait une tache rouge visible à l’encolure. Elle s’était précipitée dans l’eau glacée du lac, pour soulager la douleur de sa blessure.

Sa pause fut de courte durée, revigorée elle repartit ensuite en direction du déversoir qui ouvrait le cirque sur de la vallée de la Moutière.

Encore surpris par l’enchaînement des faits, Cyprien ne comprenait pas que son magistral coup de feu n’ait pas cloué l’animal au sol. Quelle force diabolique habitait cet être décidément exceptionnel ? Bien que la blanche pureté de sa robe puisse l’assimiler à une sorte d’ange, protégé par quelque faveur divine, l’homme préférait voir en lui une créature démoniaque, venue vers lui pour le défier, le narguer.

Ange ou démon ? Quel que soit sa nature, le «chamois blanc » s’était évaporé…

Obstiné, Cyprien reprit sa course éperdue sur les traces de sa proie. Des taches de sang marquaient la piste de l’animal, fuyant vers les bois, pour mieux s’y abriter. Le chasseur réalisa bientôt que faute de chien, sa quête devenait hasardeuse sous le couvert forestier.

 De plus, de gros nuages violets s’accumulaient, bouchant déjà la vallée pour gagner rapidement les hauteurs et plonger la montagne dans un épais brouillard, limitant la visibilité à quelques mètres.

Pris dans le grésil, Cyprien décida de rebrousser chemin et de regagner sa vallée à marche forcée. Seule une connaissance parfaite de ce relief escarpé, chargé de dangers, pouvait lui permettre de progresser, sans s’égarer hors des meilleurs passages.

L’obscurité alourdissait encore davantage le manteau de brume lorsqu’il parvint enfin en vue du lac de Lignin.

La cabane du berger était vide, tout comme les enclos, après le prudent départ des transhumants, à la veille du temps capricieux de la Toussaint.

Epuisé, Cyprien se réfugia dans l’abri, déjà, de lourds flocons virevoltaient dans la bise glacée.

Il alluma le poêle, prudemment garni par le dernier occupant des lieux, grignota une croûte avec l’ultime morceau de lard, avant de s’enrouler dans des hardes qui puaient le mouton.

Avec la chaleur il retrouva ses esprits, alors que le vent sifflait sous la porte et battait les tôles accrochées aux enclos voisins.

Au matin, si un jour laiteux perçait à travers les fentes des volets, un silence imposant confirmait le sommeil de la nature. Cyprien poussa la porte avec difficulté, retenue à l’extérieur par une présence occulte. La neige, accumulée pendant la nuit, bloquait son ouverture.

Ebloui par l’éclat de la neige qui  recouvrait la montagne, l’homme comprit  que la saison de la chasse au chamois s’achevait.

Son retour périlleux à Villeplane, dans la neige profonde par le Pas Roubinous, lui demanda une bonne journée.

 

Après cette épuisante et décevante équipée, l’hôte de la Gravière, toujours aussi grognon, se tint plus que jamais à l’écart du village. Il préférait fuir les plaisanteries mortifiantes relatives au «chamois blanc qui  l’avait bien eut ! ».

Evitant les bistrots et le centre, il s’infligeait de grands détours, pour aller à «l’espère » aux grives, afin d’échapper aux quolibets des uns et des autres.

Plus farouche que jamais, après ces humiliations, il suspendit un soir sa carabine et décida, lui le boutefeu, d’arrêter la chasse pour cette saison.

Mais, ses pensées et ses rêves continuaient d’être hantés par l’image majestueuse du beau «chamois blanc », volant par-dessus les crêtes acérées, vers l’azur du ciel. Dans ses songes, s’il lui parlait, l’autre souriait, ne lui reprochant même pas son coup de fusil scélérat. Après tout, on ne tue pas une apparition aussi fugitive !

L’automne suivant, à l’ouverture, Cyprien n’avait qu’une seule idée en tête, cultivée, ancrée des mois durant : retrouver son idole, "le chamois blanc", coûte que coûte !

Dès la première fonte des neiges, ce taciturne s’était lancé dans de longues reconnaissances, sous le prétexte d’obscures recherches de morilles. En fait, il arpentait chaque quartier, les jumelles en bandoulière, le nez au sol, pour trouver la trace de l’objet de ses délires. Personne à Villeplane n’était dupe de ses aventureuses excursions. Le ténébreux Cyprien apparaissait plus que jamais comme un «fada » braqué sur son idée fixe. Chacun se réjouissait de voir enfin ce redoutable lunatique préoccupé et tourmenté par une obsession  étrangère à la vie du village.

Tant que ses extravagances le portaient ailleurs, il n’y aurait rien à craindre de ses querelles ou de ses menaces. Mais qu’il ait trouvé son maître, ne serait ce qu’un chamois, en faisait sourire plus d’un !

Un après midi qu’il parcourait les sous bois boueux du Talier où fondait la neige, il eut l’heureuse surprise d’y découvrir de belles empreintes larges et bien formées, voisines de crottes fraîches, de grosses « pètes », semblables à des olives. Leurs dimensions peu communes rappelaient celles du « Blanchon » solitaire.

De là, il suivit la piste qui remontait très haut dans la forêt, jusqu’au « Reboisement », espace de réserve des « Eaux et Forêts », interdit à la chasse. Le lendemain, Cyprien reprit sa quête, pour aboutir enfin, à repérer la bête à la lisière supérieure du bois, paissant tranquillement au soleil l’herbe verte et tendre poussée à l’écart de la neige.

Cette rencontre qui  concrétisait des mois d’attente incertaine, devait se poursuivre par des visites régulières et secrètes. Désormais, tous les espoirs devenaient possibles et toutes les audaces, en passe d’être couronnées de succès.

 S’il l’avait «logé », Cyprien qui n’était pas un braconnier attendait l’ouverture pour « se le payer » et cette fois il l’aurait !

Le sourire lui revint, les fanfaronnades martiales également et le travail reprit enfin ! Etienne n’était pas mécontent de retrouver « lou Mestre » assuré et directif, en devinant une part de son secret. Car, toujours aussi bourru, Cyprien n’avait pas pipé mot, pas même à son fidèle serviteur.

A la veille de l’ouverture, il décida de débusquer le « Blanchon » de la zone protégée où il s’était cantonné, afin de pouvoir le tirer en toute légalité, sans risque de se faire verbaliser par le garde.

Il le poussa ainsi hors des mélèzes, en direction des hautes terres.

Cyprien remarqua à cette occasion que l’animal claudiquait, mal assuré, probablement affecté par les suites de la blessure qu’il lui avait infligée.

Le lendemain, après avoir gravi au clair de lune le sentier serpentant dans la forêt, il se trouva au lever du jour, au sommet du couloir où reposait l’animal.

Le traquenard était imparable. Il suffisait de patienter pour le tirer lorsqu’il grimperait pour rejoindre les seuls pâturages du secteur.

Quand il le vit se redresser au soleil, son cœur palpita, la gorge sèche et nouée par l’émotion, Cyprien savait tenir enfin sa victoire.

« Blanchon » diminué, avait fléchi sa patte avant et c’est en boitant qu’il s’engagea lourd et hésitant, dans l’éboulis conduisant à l’herbage. Bien ajusté dans la mire, le doigt sur la gâchette, le bout du canon suivait la lente progression de la bête. Soudain, celle-ci releva la tête pour la tourner vers l’homme, alors leurs yeux se croisèrent, puis se fixèrent longuement. Délibérément l’animal s’immobilisa, pour mieux s’offrir à la mort. Ce qui s’échangea ensuite entre ces deux êtres, dans un intense et pénétrant regard, relève de l’indicible. Cyprien baissa simplement le canon de son fusil.

Par la suite, personne ne revit « le chamois blanc », bien qu’il soit encore présent dans la mémoire des gens de la vallée.

 

D’après «Du Mistral sur le Mercantour» (Editions Sutton),

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 21 euros, plus frais d’envoi, en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

LE MASSACRE DE SAINT MARTIN DU VAR

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La fusillade qui dura une partie de la nuit fit six morts parmi les paysans. L’affaire, qualifiée de “ massacre de Saint Martin ” par les journaux de Nice et du Piémont, fit grand bruit. On prit souvent fait et cause pour les paysans, en insistant sur le fait qu’ils n’avaient pas d’armes et on eut aucune peine à monter en épingle la sauvagerie des gardes.

L’exaspération de la presse fut à son comble lorsqu’on apprit qu’ils avaient, le lendemain, célébré leur victoire à Saint Martin autour d’une bonne table, faisant ensuite le tour du village en chantant des airs déplacés, au moment où passait (c’était le 8 septembre) la procession en l’honneur de la Nativité de la Vierge. La population en fut paraît-il profondément choquée.

L’intervention des douaniers sardes marquait la volonté du gouvernement sarde de faire respecter les nouvelles lois douanières supprimant, “ grosso modo ”, les faveurs commerciales dont bénéficiait le Comté de Nice depuis le Moyen Age.

La frontière du Var entre Nice et la Provence avait pendant longtemps été facile à franchir, du moins jusqu’à la Révolution. Depuis 1815, le franchissement était devenu plus difficile, surtout en raison de la rigueur toute nouvelle des douanes françaises. Mais il subsistait par-delà la frontière des intérêts de voisinage et une identité linguistique qui permettait la poursuite des relations, sinon au grand jour, du moins plus discrètement.

La fusillade du pont Charles Albert résonnait aux oreilles des Saint-Martinois, comme un avertissement : la frontière était verrouillée et la contrebande une activité à très haut risque. Ce qui venait de se passer sur ce pont, dit aussi de la Madeleine, pouvait tout aussi bien arriver en face de Saint Martin, sur le gué conduisant au Broc. L’épisode marqua assez les esprits pour que cette affaire de la “ saou dou Broc ” (le sel du Broc) devint synonyme de correction exemplaire. Promettre la “ saou dou Broc ” à quelqu’un resta pendant longtemps la pire des menaces.

La contrebande ne s’arrêta pas pour autant, si l’on en juge par la décision de la municipalité Baudoin (1872-1875) de construire un hangar au cimetière pour y déposer les noyés, trouvés dans le Var, en faisant la contrebande du sel.

D’après« Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacteredmondrossi@wanadoo.fr

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'onajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginairerejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

ACCHIARDI DE SAINT LEGER, UNE FIGURE DES ALPES MARITIMES

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Saint Léger est un modeste village situé dans la vallée de la Roudoule, au-dessus de Puget-Théniers. A l'origine fief des Villeneuve-Beauregard, il sera vendu en 1783 aux Acchiardi, derniers seigneurs du lieu, en faveur de qui il fut érigé en comté. La famille des Acchiardi est originaire de Saint Etienne de Tinée, ce qui est attesté dès 1388.

Elle obtint les titres de seigneurs de Pierrefeu et Roquesteron aux XVème siècle, de l'Alpe de Péone au XVIème siècle, puis de comte de St Léger à la suite du traité de Turin du 24 Mars 1760. Ce traité rectifiait la frontière entre le Royaume de France et celui de Piémont Sardaigne, lui octroyant entre autre le territoire de St Léger.

Au fil des siècles, ses membres furent magistrats, juristes, ecclésiastiques, haut fonctionnaires de la cour de Savoie. On peut citer, entre autres, Jean - secrétaire du gouvernement de Nice (1545-1570) et maître auditeur de la Chambre des comptes de Piémont en 1563 ; Antoine Gaétan, docteur en droit, assesseur à Nice (1767-1769), sénateur au Sénat de Savoie (1772) et ensuite de Nice (1780). Après l'entrée des Français à Nice en 1792, il émigrera à Alexandrie où il devint régent du Conseil de Justice et mourut en 1812.

Son fils, le comte Amédée, appartint au premier conseil municipal formé à Nice après la Restauration sarde et fut ensuite premier consul de la ville. Son fils, le comte Gaétan, d'abord substitut de l'avocat fiscal de la Préfecture de Nice, fut juge au tribunal provincial jusqu'en 1860.

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GUILLAUMES ET SES FOIRES D'AUTOMNE

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Guillaumes se caractérise par des foires qui remontent au Haut-Moyen-âge et qui ont assuré pendant des siècles la renommée et la richesse de la commune. Au cœur de la Haute-Vallée du Var, le bourg fut toujours le centre de transactions et, en quelque sorte, le régulateur de la vie de la vallée. La ville obtint jadis des divers comtes de Provence et rois de France de nombreux privilèges et franchises pour ses foires. Ainsi le roi René concéda en 1445 la franchise de plusieurs foires pour développer le commerce. Henri II élargit le privilège et Louis XII, en 1500, étendit la franchise à toutes les foires de la cité. Guillaumes recueillait de ses foires franches de gros avantages et tirait des revenus substantiels du passage sur son territoire des troupeaux transhumants venant de Saint-Martin de Crau, Berre, Aubagne etc... Dont les bergers devaient lui verser un droit de pulvérage (droit levé autrefois par le seigneur sur les troupeaux qui passaient sur ses terres, à cause de la poussière qu'ils soulevaient). Quatre foires avaient annuellement lieu à Guillaumes : le 25 Mai, 16 Août, 7.Octobre et 10 Novembre. La dernière, la plus importante, durait deux jours car elle marquait la fin des grands travaux agricoles et le début de l'hiver. On y traitait du bétail.: mules, mulets, ânes, bœufs, vaches, moutons, agneaux, brebis, chèvres, porcs, mais aussi des animaux de basse-cour, et des céréales, légumes secs, riz, pâtes, de l'huile d'olive et de noix, du chanvre, de la laine, du cuir et de peaux, des chaussures, de la mercerie, et des étoffes : mousseline, toiles fines et dentelles, de chapeaux de laine, d'étoffe et de paille, des draps... sans oublier le vin.
Les foires de Guillaumes purent se maintenir à travers les siècles et la commune demeure toujours un centre commercial important. Les foires les plus renommées sont celles aux bestiaux du 16 septembre (quelque soit le jour de la semaine) dite foire aux tardons, (par "tardons", il faut entendre "agneaux nés tardivement en montagne") et du 2ème samedi d'octobre qui attirent un public très nombreux.

 

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L'ANCIEN BAGNE DU PORT DE NICE

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Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, « Lou Barri-Lonc » renferma des centaines de forçats employés au creusement et à l'entretien du bassin Lympia. Un monde de désespoir.

Nicea eu son bagne. Un bagne militaire érigé vers 1750 au port de Nice. Il en reste de solides reliefs : une maison cubique, en retrait du quai d'Entrecasteaux, entre les bas­sins des Amiraux et Lympia. La bâtisse, surmontée d'un clocheton, re­tenue par des murs granuleux marron clair, ponctuée de persiennes brique, est flanquée d'un ensemble voûté en rez-de-chaussée, composé de pierres blanches, où subsistent une lourde porte de bois et des ferronneries, témoins dissuasifs du temps des chaînes.

La construction abrite désormais la subdivision maritime de la DDE (également pro­priétaire), une antenne de la CCI, la société nationale de secours en mer, le Yacht club de Nice et l'association des pointus de Nice. Aujourd'hui, des bureaux, des remises, des garages, mais hier, des centaines de bagnards enfermés, entassés dans ces locaux du lieu dit « Lou barri-lonc ». C'est le seul bâtiment historique de la maison de Savoie, encore debout sur le port.

Autre information, les casemates, dortoirs des bagnards, ont conservé leurs bas-flancs, mais ceux-ci sont protégés par des coffrages et ne sont pas accessibles.

La cloche de la chapelle est toujours là elle aussi. Elle date du milieu du XVIIIesiècle, époque à laquelle fut construit l'établissement pénitentiaire, à l'aide de pierres prove­nant des murailles en ruines du Château.

Et derrière ces blocs, se sont succédé des générations de condamnés, employés à la maintenance du port et à d'autres ouvrages majeurs. Logés dans des conditions de saleté et de misère telles, qu'en 1836, on entreprit une réfection et un agrandissement du site. Les travaux permirent la construction d'un pavillon central servant de dortoir aux forçats, reliant deux tours latérales, le pavillon de l'horloge, destiné à usage administratif et un autre bâtiment destiné aux gardiens, aux cuisiniers et à l'infirmerie.

La suite de ce pénitencier inhumain ? Les bagnes ayant été supprimés en France en 1852, la nouvelle administration transforme en 1860 1'établissement du Barri-lonc en « caserne Lympia ». Elle est récupérée en 1899 par le Génie, puis par l’artillerie en 1924. Les services des Ponts et Chaussées en prennent possession à partir de 1935.

Forçats : Force humaine dévolue à des ouvrages, lourds, épuisants. Ils creusent d'abord le bassin Lympia qu'ils entretiennent par la suite. Vers 1780, ils ouvrent, à Rauba Capeu, un chemin reliant le port à la ville, et surtout, ils participent au chantier de l'élargissement de la route de Turin. Quelque part, ils contribuent à l'évolution du port et de la ville de Nice.

Il n'empêche que le quotidien de ces prisonniers, essentiellement des militaires enfermés pour insubordination et désertion, est une vraie galère ! La nuit jusqu’à jusqu'à 300, ils dorment les pieds enchaînés, soulagent leurs besoins naturels sur place, dans des rigoles d'écoulement. Ils vivent dans des conditions atroces, subissent épidémies, brimades, brutalité des gardiens, bastonnades entre eux, privations ali­mentaires... Ils meurent comme les mouches avant l' expiration de leur peine et leur seul salut est la chapelle attenante au bagne. A leur mort, ils ont droit à une messe ! Une messe, peut-être, mais après, on les jette dans la fosse commune ou directement à la mer ! En outre, en 1807, les portefaix du port, employés au chargement et déchargement des navires, adressèrent une pétition dénonçant la concurrence que leur faisaient les forçats, utilisés pour les mêmes fonctions…Une fois les travaux pénibles achevés, le bagne et ses fers ont-ils encore une utilité? Le 13 août 1887, on transfère les détenus du Barri-Lonc dans les nouvelles prisons de la place d'Armes (encore utilisées de nos jours !). Cet événement, signe la disparition officielle du bagne de Nice.

Le bagne est aux oubliettes, ne perdurent que les vestiges du patrimoine  historique et ceux des constructeurs des geôles, qui avaient pris leurs précautions en matière de sécurité. Car au Barri-Lonc, on craignait par-dessus tout, les évasions. On trouve encore les traces de cette psychose dans les épaisses portes de bois à trois gonds inversés. Par ailleurs, les barreaux des grilles sont tressés afin d'éviter de les desceller et les serrures, démesurées, sont montées à l'extérieur des portes  car  le danger de les voir démonter venait de l'intérieur du lieu d’enfermement.

ALZIARI DE MALAUSSENE

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Malaussène est un village de la moyenne vallée du Var, perché sur un contrefort du mont Vial. Fief des Grimaldi de Beuil, il passa ensuite en 1621 aux Badat, puis il sera réuni en 1722 à la couronne sarde de laquelle les Alziari l'ont acquis en 1723 et pour qui il fut érigé en comté.

C'est par un édit de 1720 que Victor Amédée II soumit à une rigoureuse révision toutes les possessions féodales de son royaume. Les titres trouvés libres, soit par disparition des familles héréditaires, soit à titre de sanction suite à deux guerres contre la France, soit aux rachats des communautés indépendantes, furent distribués pour affermir le prestige du nouveau roi de Sardaigne et faire rentrer de l'argent dans les caisses de la couronne vidées par les guerres.

C'est ainsi que Jean Alziari, fils d'un notaire de Roquesteron, achète le fief de Malaussène, créant une lignée de nobles. Son fils, Jean François, épouse la fille du préfet Corporandi. Les fils de ce dernier resteront fidèles au roi de Sardaigne.

La comtesse de Malaussène vend en 1862 les immeubles qu'elle possède à Roquesteron à la commune, pour la somme de 10.000 Francs. La mairie, l'école, le presbytère et la justice de paix furent établis dans cet immeuble. La noble famille quitte alors le village.

En 1860, lors du rattachement à la France, Gustave Alziari opte pour l'Italie, tandis que son frère choisit la France. Il devient maire de Nice de 1886 à 1896.

François Alziari sera à l'origine de l'achèvement de la couverture du Paillon à Nice de la place Massena à la mer, du creusement définitif du port, de la Bourse du Travail, et de la statue de Garibaldi sur la place du même nom.

 

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LA SORCELLERIE DANS LES ALPES MATIMES

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La sorcellerie n'est plus aujourd'hui qu'une curiosité à placer au rayon des pratiques d'un autre temps. Ceux qui hésitent et accordent encore crédit à ces démarches sulfureuses sont vite qualifiées de pauvres d'esprit devant les évidences de la science repoussant ces naïvetés venues d'un passé obscurantiste.

Pourtant, depuis les années 70 et le courant de pensée du "New Age", l'intérêt s'est à nouveau manifesté pour le surnaturel et la sorcellerie jugés comme des expressions authentiques des origines de l'humanité en symbiose avec la nature.

Avant que la sorcellerie n'apparaisse dans l'Histoire à l'occasion de procès retentissants conduisant aux bûchers des XVI et XVIIèmes siècles, celle-ci véhiculait des croyances nées dans le paganisme des premiers âges de l'humanité.

L'Eglise pour imposer ses principes et sa doctrine a dû combattre pied à pied les religions qui l'avaient précédée. Les antiques lieux de cultes seront christianisés, les anciens pèlerinages repris et transformés, les saints patrons remplaceront des divinités porteuses des ferveurs antérieures, autant d'adaptations et de corrections conduisant vers une main mise patiente et opiniâtre mais qui ne sera jamais complète.

Les prétendues "orgies" ou sabbats principaux chefs d' accusation qui impliquent l'assimilation de la sorcellerie à l'hérésie, reflètent la protestation contre un ordre social et religieux imposé par la contrainte. Ces conduites débridées, ces élans de débauche témoignent d'une révolte et d'un intense besoin de liberté, visant à retrouver un état de perfection, connu seulement aux origines et présent dans l'imaginaire collectif aux périodes de crise.

La Sorcellerie apparaît alors comme une contre-culture contestant les institutions par des pulsions qualifiées de "sataniques", puisque en rupture avec le conformisme religieux imposé. Par elle s'exprime un profond mécontentement soutenant une lutte ardente contre l'ordre établi.

Dans ce contexte, les accusations de sorcellerie et d'hérésie comme celles portées contre des sujets prétendument possédés, constituèrent les points de départ de procès sommaires à l'issue tragique. Les motivations répressives de l'Inquisition étaient aussi variées qu'inavouables. Aux raisons théologiques et culturelles, s'ajouteront de puissantes pressions politiques et économiques visant à exclure et à écraser des minorités sociales afin de garantir la stabilité de la classe dominante.

Les plus nombreuses victimes furent des femmes, souvent taxées de sorcellerie pour des motifs futiles et uniquement dans le but de les empêcher d'acquérir un minimum d'émancipation.

Au Moyen Age, la maladie est encore assimilée au péché et le carcan religieux est plus présent que jamais. A une époque où même le roi de France est envoûté, tout et le contraire s'expriment par la magie.

Lieux, temps, regards, apparences, engendrent méfiance et suspicion. S'appuyant sur les textes canoniques, la sorcellerie va devenir une hérésie et la chasse aux sorcières nécessitant un code, ce sera le "directorium inquisitorium" de Nicholas Aymerie édicté en 1376. Les femmes deviendront les créatures de Satan (faiblesse, malice, lubricité, jalousie, infidélité, ambition, luxure, …), la liste est longue et va justifier une répression mortelle. L'ordalie est à la mode et il est préférable de mourir innocente plutôt que d'avoir recours au Diable !

Ajoutons que les femmes de la classe la plus pauvre de la société, habituées à la soumission et souvent incultes; voyaient leur simplicité de jugement ou leur incompréhension retenues comme signe évidents de sorcellerie.

L'accusation restant anonyme, les bûchers vont atteindre leur apogée au XVIème siècle, faisant l'unanimité des catholiques et des protestants … Le feu purificateur brûlera jusqu'au siècle des Lumières, le sort des femmes dans la société ayant été réglé par cette déprimante constatation : "Elles ont le Diable au corps !".

Il faut pourtant admettre que la sorcellerie n'est pas une spécialité féminine, puisque née d'une disposition humaine universelle face à la crainte de la maladie et de la mort, à la préoccupation naturelle de protéger ses biens (récoltes, animaux) et aux rêves obscurs de possession et de puissance par l'acquisition de pouvoirs surnaturels favorisant conquêtes amoureuses et vengeances impitoyables.

Le dénuement, la faiblesse et l'ignorance expliquent aussi cette démarche de l'impossible où la magie l'emporte sur la raison.

L'ancien Comté de Nice s'est détaché de la Provence en 1388 et les actuelles Alpes Maritimes comportent un vaste territoire situé à l'ouest du fleuve Var (secteurs de Cagnes, Vence, Antibes, Cannes et Grasse) reste historiquement et culturellement provençal. La sorcellerie connaîtra un destin similaire dans les deux régions partagées par le fleuve.

Après la période intensive de chasse aux sorcières et les tourments qu'elle génère, le calme et le silence s'installent jusqu'à nos jours sans que l'on s'inquiète de ces usages mystérieux jugés surannés.

Néanmoins, le monde rural conservera tout un catalogue de pratiques magiques comme certains remèdes dont les recettes s'étaient transmises de génération en génération au fil des siècles avec un pouvoir de guérison démontré en maintes occasions.

Aujourd'hui, avec la désertification des campagnes et l'uniformisation culturelle, la sorcellerie est devenue un objet d'étude folklorique et ethnologique. Les superstitions sont méticuleusement répertoriées et certaines "diableries"étranges observées comme des témoignages pittoresques d'un passé où ces habitudes bizarres se mêlaient au quotidien. Des "chroniques insolites" ne pouvaient ignorer la sorcellerie dont les témoignages abondent dans les Alpes Maritimes du XVème au XVIIème siècle aussi bien dans les bourgs du littoral que dans les villages de l'intérieur, retranchés et isolés par un relief tourmenté, rendant difficile les circulations et les échanges.

Certains historiens supposent que la magie et la sorcellerie furent propagées par les Vaudois qui se réfugièrent au XIIème siècle dans les Hautes Vallées du Var de la Tinèe et de la Bévéra. Les Albigeois eux aussi exilés auraient constitué au XIIIème siècle d'importantes colonies cathares à La Gaude, Sospel et Péone.

La confusion s'installa dans les esprits qui assimilèrent ces "hérétiques"à des sorciers les entraînant dans la même répression. Les bûchers s'allument alors aux quatre coins des Alpes Maritimes, de Vence à Sospel et de Tende à Péone, pour punir ces malheureuses victimes de procès sommaires. Rien que dans les dernières années du XVIème siècle, la curie épiscopale de Nice instruisit 15 affaires de sorcellerie.

La dernière sorcière exécutée le sera à Castellar le 16 novembre 1623 : accusée de se transformer en chatte noire en compagnie de ses consoeurs, pour adorer le diable au cours de sabbats dans les ruines du village médiéval du Vieux Castellar. Après qu'elle fut étranglée, son corps fut incinéré sur le parvis de la chapelle St Antoine.

D'autres sorcières connurent le même sort funeste dans divers villages voisins de la proche Ligurie, à Vintimille, Triora, Taggia et bien d'autres.

La doctrine magique et les pratiques étranges répandues au Moyen Age survécurent, elles étaient encore vigoureuses au siècle dernier.

La science se penche aujourd'hui avec intérêt sur les procédés surnaturels et les médecines traditionnelles des peuplades primitives qui s'avèrent prometteurs de fructueux résultats négligés jusque là. Pourquoi ne pas s'attarder sur ceux de nos ancêtres si proches et tout aussi éprouvés au fil des siècles ?

Quant aux mystères qui entourent certains maléfices et sortilèges, sachons faire confiance aux progrès de la Parapsychologie, aujourd'hui reconnue jusqu'à l'Université. La démarche de cette science explique une grande part des phénomènes surnaturels rejetés jusque là faute d'explications rationnelles.

Ces pratiques persécutées et rejetées pendant des siècles méritent bien qu'on s'y attarde. Nous nous garderons de prendre position sur leur validité, en laissant le dernier mot à votre libre arbitre et à votre sens critique.

 

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacteredmondrossi@wanadoo.fr 


MERCANTOUR, DÉCOUVERTE DE SES TRÉSORS...

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Les dieux se sont réfugiés au cœur des régions montagneuses, prédisposant les sommets à devenir de fascinants hauts-lieux de l’étrange.

A l’extrémité des Alpes du Sud, le Parc naturel du Mercantour confirme avec éclat cette vocation établie depuis les origines de l’humanité.

Les Alpes de lumière forment un de ces massifs riches d’histoire, de traditions et de trésors cachés.

Les vallées qui ouvrent le passage vers le cœur secret de la montagne ont joué un rôle capital, en favorisant la rencontre entre une nature fantastique et des peuples émerveillés et terrorisés par elle.

Placé entre l’azur du ciel et la pierre chaude, ce rude ensemble méridional, cloisonné de vallées, constitue une entité culturelle marginale méconnue.

Autour du Mercantour huit vallées, chargées d’Histoire et de souvenirs, ceinturent tel un écrin les remarquables beautés d’une flore et d’une faune rares.

Accrochés à la caillasse au-dessus de gorges étroites et impénétrables, les villages perchés, maintenus à l’écart des bouleversements, ont su résister au temps et garder d’admirables témoignages du passé. Parmi ceux-ci, des œuvres d’art exceptionnelles en France.

Plus haut, au centre même du massif, mystérieuse et unique, la « Vallée des Merveilles » conserve sur ses roches des milliers de gravures tracées par les peuples de l’âge du bronze.

Oratoires oubliés à la croisée des chemins, chapelles abandonnées aux murs décorés de peintures émouvantes, églises aux sublimes retables, anciennes bâtisses chargées de présence surmontées d’insolites cadrans solaires, vénérables constructions aux énigmatiques linteaux, autant de messages qui s’adressent à notre esprit et à notre cœur, dans le langage simple des choses d’autrefois.

Aujourd’hui, Edmond Rossi fait revivre la mémoire et la passionnante aventure des hommes de ces hautes terres.

Pour se procurer cette magnifique étude de 218 pages abondamment illustrée en noir et blanc et couleur dédicacée par l’auteur au prix de 25€ contacter edmondrossi@wanadoo.fr

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11 NOVEMBRE : LES POILUS DU MIDI ACCUSÉS DE LÂCHETÉ !

À L’ESCARÈNE LA FAMILLE D' AUDIFFRET...

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L'Escarène est situé au confluent de deux torrents formant le Paillon de l'Escarène. Ce bourg fortifié encaissé au pied du Col de Braus est la patrie de la famille d'Audiffret. Le plus illustre représentant, Pierre, fut capitaine commandant les armées d'Espagne et gouverneur de Lérida en 1517.

Il se retira dans son pays natal après une brillante carrière militaire effectuée sous le règne de Louis XII. Son arrière petit-fils sera auditeur à la Chambre Royale française sous le règne de Louis-le-Grand.

La maison de la famille d'Audiffret se dresse sur la place de la mairie. Les armes du capitaine Pierre sont visibles sur un mur intérieur de cette vaste demeure aux plafonds élevés, aux balcons en fer forgé de style, dénotant la grande distinction des anciens propriétaires. Ce berceau d'une grande lignée de soldats et de juristes accueillit, une nuit de 1804, le pape Pie VII alors qu'il se rendait à Paris, conduit par le général Menou, pour y sacrer l'Empereur.

Sa sainteté fera à nouveau étape dans cette maison en 1814, pour se rendre à Rome, au retour de sa captivité à Fontainebleau. Du balcon, Pie VII bénira la foule pieuse recueillie dans la rue pour cette circonstance.

Retrouver le riche passé du Haut Pays d’Azur à travers les livres d’Edmond ROSSI, pour plus d’information contacter : edmondrossi@wanadoo.fr

C'EST DÉJA NOËL AU "PAYS D'AZUR" ! COMMANDEZ DES LIVRES QUI PARLENT DE VOTRE RÉGION...

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Oui c’est déjà Noël au « PAYS D’AZUR », commandez vite un livre qui vous parle de votre région…

·   «Fantastique Vallée des Merveilles, Le Testament du Mont Bégo » Editions Robert Laffont, Paris, 1978

·    « Les Vallées du Soleil » - Editions Robert Laffont, Paris, 1982

·   « Entre Neige et Soleil, Contes et Légendes de Nice et sa région » Alp’Azur Editions, Antibes, 1985

·   « Histoires et Légendes du Pays d’Azur » - Editions du Cabri, Breil sur Roya, 1993

·    « Saint Laurent du Var à travers l’Histoire » Alandis Editions, Cannes, 2004

·   « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » Alandis Editions, Cannes, 2005

·   « « Histoires de Loups en Pays d’Azur » Alandis Editions, Cannes, 2007

·   « Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » Editions Alan Sutton, Saint Cyr sur Loire, 2009

·   « Contes et Légendes du Pays d’Azur » Editions Alan Sutton, Saint Cyr sur Loire, 2010

·   « Du Mistral sur le Mercantour » Editions Alan Sutton, Saint Cyr sur Loire, 2010

·   « Histoires et Légendes des Balcons d’Azur » Editions Campanile, Sophia Antipolis, 2012  

·  « Mémoire en images de Saint Laurent du Var » Editions Alan Sutton, Saint Cyr sur Loire, 2012 

·  « Les Vallées du Mercantour, Histoire et Patrimoine » Editions des Régionalismes, Cerré, 2013  

 

 Tous ces ouvrages sont disponibles, certains ont été réédités après avoir été épuisés, pour les commander informez vous : contactez  edmondrossi@wanadoo.fr 

ALPES MARITIMES:"POUR UN SORCIER, DIX MILLE SORCIERES", PORTRAIT

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Le mystère a toujours captivé l'homme qui a essayé d'en percer le secret dès le début de son aptitude au raisonnement. Pour atteindre son but, il n'a pas hésité à recourir, entre autres, à des pratiques magiques recensées dès les origines de l'humanité.

La magie est intimement liée à la religion et plus particulièrement à la croyance en l'existence d'esprits désincarnés.

Ainsi, le paganisme des premiers âges attribuait une sorte d'âme ou de force spirituelle à chaque être comme aux éléments divers composant la nature.

La mythologie a personnifié ces entités en divinités imputables aux animaux, aux plantes, aux sources, aux pierres, aux astres (soleil, lune) et aux phénomènes naturels les plus variés.

Face aux manifestations capricieuses d'un monde insaisissable, le primitif a tenté de s'en concilier les faveurs, en domestiquant les puissantes entités, supposées en diriger le cours. De ce dialogue naîtront des pratiques magiques appropriées, adaptées à ses aspirations.

Les témoignages de rites propitiatoires à la chasse peints sur les parois des grottes de la Préhistoire, les cérémonies des Chamans asiatiques et amérindiens, comme les célébrations du culte Vaudou ont exprimé des démarches communes dans des cultures différentes.

Si le médium est un intercesseur passif et réceptif, le mage ou sorcier agit lui avec maîtrise et concentration, grâce à des pouvoirs acquis et cultivés par un apprentissage et une initiation de la connaissance. Ces pouvoirs varient d'un individu à l'autre en fonction de la seule capacité du praticien et de la sincérité du consultant.

L'initiation du mage s'acquiert par la maîtrise de rituels, liés à l'emploi d'objets issus de la tradition antique.

Volonté et concentration doivent donner suffisamment de force et de consistance pour atteindre l'objectif envisagé. Il est admis que le rituel n'est rien sans la puissance subjective. La démarche doit donc être soutenue et animée par une mobilisation des énergies psychiques du mage ou de la sorcière.

La panoplie et les règles en usages chez les adeptes de la sorcellerie dans les Alpes Maritimes sont souvent communes à l'ensemble du monde occidental. Les formules tirées d'ouvrages fameux comme le "Grand Albert" ou les "Clavicules de Salomon" visent à l'évocation des esprits sollicités, pour aider le mage dans l'accomplissement de son projet mais aussi à le protéger de possibles dérives incontrôlées.

Chaque esprit possède ses caractéristiques et sera sollicité pour l'accomplissement d'une opération spécifique. Selon le résultat envisagé, l'invocation s'adressera à de puissantes entités comparables à ce que l'on désigne communément comme des "anges" ou des "démons".

Les informations orales que nous avons recueillies dans les Alpes du Sud et plus particulièrement dans l'ensemble des Alpes Maritimes, ont débuté à la suite d'enquêtes visant la collecte des récits populaires contes et légendes ainsi que de traditions oubliées.

Ces renseignements sont complétés par les relations d'historiens, chroniqueurs, spécialistes du folklore et ethnologues ayant abordé ce thème.

Ce fond de superstition et de pratiques magiques englobe également la médecine traditionnelle. Ses recettes singulières ont le mérite d'avoir soulagé durant des siècles, les maux les plus divers affectant des générations de Niçois et de Provençaux.

L'identification du personnage du sorcier ou de son homologue féminin débute par le nom qui le désigne. Confondus au Moyen Age avec les hérétiques, les sorciers seront appelés "fattuchieri" et aussi "inzabati"à cause de la marque distinctive qu'ils portent sur leurs chaussures. "Fachinier" est un qualificatif utilisé dans les Alpes, tout comme celui d'"embarnaïré", "Magou" appartient lui au Comté de Nice.

"Masc", "marsco" et au féminin "masca" est en usage dans le Comté de Nice, la Provence et les Alpes du Sud. Le masque, synonyme français d'une dissimulation mystérieuse, s'apparente à cette dénomination. Si le féminin "masca" prévaut encore c'est pour la raison évidente qu'il y a plus de sorcières que de sorciers, d'où l'expression "pour un sorcier, dix mille sorcières". Si Michelet admettait à propos des femmes "que la nature les a faites sorcières", le sens commun les voyait s'adonner aux maléfices pour la seule volupté de nuire.

De plus, lors des procès de l'Inquisition, 80 % des victimes étaient des femmes. Cette distinction remonte certainement au matriarcat où la femme exerçait dans la communauté des fonctions particulières, cantonnées dans un domaine réservé. A la fois génitrice et nourricière, elle séduit, donne la vie, élève les enfants, cuisine, nettoie, soigne. Sa fonction reproductrice, mystérieusement liée à des cycles lunaires, l'isole naturellement des hommes qu'elle attire et captive.

Sa fonction, essentiellement féminine, de masca dans le Comté de Nice, le Piémont et la Provence, sera plus équilibrée dans les Hautes Alpes où le sorcier est généralement un homme étranger : travailleur saisonnier, piémontais ou berger transhumant.

La tradition a véhiculé le portrait de la sorcière sous les traits d'une vieille femme édentée, pourvue d'un nez et d'un menton crochus, semblable à ceux de MacBeth. Il peut s'agir plus rarement d'une troublante et vénéneuse beauté.

Généralement veuve ou célibataire, elle transmet ses dons à une proche : fille ou nièce. Elle est souvent fille unique sans frère ni fils.

Ayant pactisé avec le diable pour obtenir certains pouvoirs surnaturels, le sorcier ou la masca porte sur son physique la marque indélébile de cet accord. C'est là un moyen d'identification possible.

Tare, infirmité, difformité sont autant de signes laissés par le diable sur cette créature qu'il s'est appropriée borgne, boiteux, bossu, bigle, bègue, bâtard, tous ces stigmates perceptibles relevant de la lettre B prédestinent les malheureux qui en sont affligés.

Les roux, dont les pilosités sont teintés par les feux de l'enfer, sont tout aussi désignés à la méfiance publique.

Redouté pour son aspect, le sorcier ou la masca se différencie également par son isolement social. Vivant à l'écart comme un ermite, cette veuve, ce mendiant ou cette étrangère ne s'intègre pas à la communauté qui la craint pour ses pouvoirs, la fuit et la rejette.

Certains métiers comme celui de berger, de travailleur saisonnier, ou de mendiant sont soupçonnés de prédisposer à la sorcellerie. Il en était de même jadis pour les colporteurs, ramoneurs et saltimbanques voués à des métiers itinérants.

Isolé dans la nature dont il connaît les plantes et leurs vertus, capable de suivre dans le ciel la course des étoiles, le berger est un mage qui sait guérir les bêtes et quelquefois les gens.

Le mendiant ou la bohémienne "diseuse de bonne aventure" qui peuvent se venger du refus d'une aumône, sont tout aussi inquiétants.

Les étrangers, d'une manière générale par leur particularisme, sont également suspects.

Le prêtre doué de pouvoirs mystérieux, intercesseur reconnu avec l'au-delà, capable de désensorceler peut lui aussi pactiser avec les forces occultes. Il en sera de même de l'ermite prédisposé par l'isolement, la méditation et la prière, à des contacts avec le monde parallèle.

Le sorcier ou la masca sont parfois des êtres victimes d'un destin malheureux qui les entraîne à se venger des autres humains. Nés un vendredi, ou septième enfant d'une famille ne comportant que des garçons ou des filles, ces prédispositions naturelles es conduisent à se soumettre au diable et à servir ses noirs desseins.

Un indice est également à retenir pour distinguer la masca, c'est la présence familière à ses côtés d'un chat noir ou d'une poule noire, capable de l'accueillir à tout instant dans son corps pour servir ses maléfices. C'est d'ailleurs en compagnie de l'un de ces animaux transporté à minuit dans un sac, pour se rendre à un carrefour de quatre chemins et y invoquer trois fois le diable que va se conclure le pacte.

Une fois celui-ci scellé, sorciers et sorcières se réunissent périodiquement pour le sabbat présidé par le diable qui désigne à chacun ses missions. Dans le Comté de Nice, cette réunion s'opère généralement sous un noyer dans la montagne et sous un caroubier sur la côte.

Dans les vallées du Comté de Nice, les "balaours" (St Martin Vésubie, Bousieyas) accueillent les sabbats, tout comme les Valmasques (Antibes et Vallées des Merveilles).

Généralement, chaque village possède un lieu propice à ces réunions nocturnes, connu des habitants. Dans le Comté de Nice, le mois de mai est jugé favorable à la tenue des sabbats.

Les sorciers et leurs consœurs connaissent des formules d'enchantement pour évoquer et communiquer avec le diable, ses démons ou toute autre entité afin de produire des choses stupéfiantes.

Ces secrets ne sont révélés qu'à des personnes de confiance, lorsqu'ils pressentent leur fin prochaine. Douée d'une puissance exceptionnelle, la masca devine l'avenir, découvre les secrets, communique avec les morts, guérit mais peut aussi bien rendre malade et tuer à distance, ceci par simples opérations magiques.

Capables de se changer en chat, en mouton, en oiseau, et même en mouche ou en taon, elles peuvent alors mieux épier les humains sans être aperçues. A ce bestiaire s'ajoutent parfois des animaux familiers comme le chien, le cheval, l'âne, la chèvre et sauvages comme le chamois, le lièvre, le corbeau, le rat et le serpent.

De la même manière, la masca peut vous changer en crapaud ou en chien, vous immuniser contre la douleur et vous assujettir à sa volonté pour vous conduire tel un zombie à commettre un crime (!).

La sorcière peut aussi se métamorphoser en cochon et même en loup dans le seul but d'effrayer les gens. Les preuves de ces incarnations sont données par le simple fait qu'un coup ou une blessure portés à ces animaux étranges, a pour conséquence de retrouver le lendemain la masca alitée et portant une blessure similaire à celle reçue par la bête.

De nombreux récits du Comté de Nice rapportent des événements semblables.

Douée également de la faculté de se dédoubler, le sorcier ou la masca peut laisser échapper de sa bouche un papillon noir, son "double" qui va vagabonder et faciliter l'aboutissement de ses maléfices.

Pour se livrer en toute quiétude à ses multiples entreprises nocturnes, la masca mariée peut tromper son époux en laissant son similaire dans le lit conjugal. La possession du corps d'une victime s'opère aussi bien par contact que par piqûre (de préférence au talon) mais aussi par l'ensorcellement du linge étendu après la lessive.

Les enfants, proies innocentes de sorciers et de leurs semblables se doivent d'être protégés du mauvais sort, et ne pas être laissés libres et exposés sans surveillance. Jadis, sitôt sonné l'Ave Maria, ils devaient regagner la maison.

Les formules et recettes transmises à l'origine oralement seront codifiées au Moyen Age. Les initiés transmettaient le grimoire et les paroles symboliques au lit de mort.

L'imprimerie va faire éclore des ouvrages, véritables recueils soumis avant leur édition à l'imprimatur d'un dominicain. Là sont recensés les recettes pour chaque sortilège et contre-sortilège les paroles et prières, les signes cabalistiques, les objets magiques (talismans, amulettes, plantes, osselets, etc …).

Au fil des siècles, les livres de sorcellerie les plus diffusés dans les Alpes Maritimes seront : "Les admirables secrets du Grand Albert" (ou d'Albert le Grand), "Les secrets du petit Albert", "Le véritable dragon rouge", "La Poule noire", "La merveilleuse chouette noire", "Le secret de la reine Cléopâtre", Le trésor du vieillard des pyramides", "L'Arte della Normandia", "Les clavicules de Salomon", "De occulta philosophia", "L'Enchiridion".

Cette encyclopédie aux titres insolites prouve tout l'intérêt porté par nos ancêtres à des pratiques qui aujourd'hui nous apparaissent injustement fantaisistes.

Il est étonnant de constater que les formules insérées et les rites décrits dans ces ouvrages correspondent à ceux révélés oralement et transmis par la tradition.

Répandus par colportage du Nord au Sud de l'Europe, ces livres diffusent une pensée universelle. Ainsi s'explique l'uniformité relative de la sorcellerie en France et dans le monde occidental. Timide au XVIIIème siècle, la propagation se développera largement au XIXème siècle.

Signalons parmi les auteurs de ces grimoires sulfureux "Albert le Grand", évêque de Ratisbonne et, pour "l'Enchiridion" (ouvrage destiné à conjurer les esprits et lever le mauvais sort) le pape Léon III !

Comment reconnaître et identifier sans erreur un sorcier ou une masca ? Certains traits ou des comportements singuliers offrent des pistes sûres : les yeux souvent cernés, les mains sèches sur lesquelles l'eau glisse sans mouiller même en lavant du linge, ou en les humectant dans de l'eau bénite, leur isolement et leur localisation à l'écart et au fond de l'église durant l'office, une manière particulière de se signer. Enfin, un test infaillible : si on place des épingles en croix dans le fond du bénitier après que le sorcier ou la masca a pénétré dans l'église, ces derniers y resteront bloqués incapables d'en sortir aussi longtemps que les épingles seront en place.

Des précautions élémentaires permettent d'éviter l'ensorcellement comme : jeter une pierre dans l'eau en faisant le signe de croix avant de s'y baigner, placer à nouveau des épingles en croix dans l'eau avant d'y tremper le linge et ne pas se reposer à l'ombre délétère d'un noyer.

D'autres indices peuvent naître d'une mauvaise rencontre. Ainsi, si vous croisez un regard acéré ou éteint, un visage vous mettant mal à l'aise, un étranger qui disparaît soudainement quelques pas plus loin, un chat noir qui est là où il ne devrait pas être, ces signes sont autant d'avertissements significatifs.

La mort du sorcier ou de la masca est tout aussi tragique que son existence.

Une longue agonie précède en général son départ et le dernier souffle ne pourra venir qu'après qu'il ait serré la main de celui appelé à lui succéder.

Souvent, la sorcière meurt seule et oubliée, ou victime d'un subterfuge consistant à lui tendre un bâton à serrer pour éviter de lui avancer la main !

Généralement, un temps épouvantable accompagne son trépas. Souvent, la nuit précédant sa fin est traversée par les fracas du tonnerre ou les hurlements des oiseaux nocturnes, comme autant d'appels des serviteurs du diable annonçant le départ de son âme damnée.

C'est pourtant là l'unique occasion de recevoir la révélation de ses pouvoirs extraordinaires. La réincarnation du sorcier ou de la masca sous l'aspect d'un chat noir (son animal fétiche) est souvent relatée dans l'ensemble du département.

Ces divers traits présentés sans fard définissent la personnalité complexe du sorcier ou de la masca. Aussi vains et bizarres qu'ils puissent nous apparaître aujourd'hui, les portraits de ces mages correspondent à des personnages qui ont exercé une emprise sans limite sur les consciences des siècles durant.

Retrouver le riche passé du Haut Pays d’Azur à travers les livres d’Edmond ROSSI, pour plus d’information contacter : edmondrossi@wanadoo.fr

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